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Interface de communication
En devenir, l'interface de communication

09/03/2011

Exerçant dans les services accompagnant les personnes sourdes ou malentendantes, l’interface de communication ne dispose pas encore d’un périmètre d’intervention clairement établi. Ni d’un diplôme ad hoc.

Né il y a une vingtaine d'années, à l'initiative des associations parentales, l'interface de communication est toujours en quête de reconnaissance. Qu'il exerce en milieu ordinaire ou spécialisé, ce professionnel accompagne les personnes sourdes ou malentendantes, afin de faciliter leur parcours de formation ou leur intégration sociale et professionnelle. Quelque 400 interfaces de communication œuvrent aujourd'hui, principalement dans les services d'accompagnement à la vie sociale (SAVS), les services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah) ou bien encore dans les services d'appui à l'emploi (SAE). Ils accompagnent aussi bien les enfants en milieu scolaire, les travailleurs en établissements et services d'aide par le travail (Esat), les personnes ayant des difficultés d'insertion dans le cadre de leur parcours de formation, ou bien des salariés en entreprise.

Spécialiste polyvalent

« L'interface de communication conseille autant l'entendant sur les difficultés de la personne sourde, que cette dernière sur sa compréhension globale de la société dans laquelle il vit », détaille Fabienne Ajavon, ancienne interface de communication et aujourd'hui directrice du Samsah Remora 77 géré par l'association Voir ensemble. Mais attention, ce professionnel de la surdité se distingue de l'interprète en langue des signes française (LSF). « L'interface de communication pratique la langue des signes, mais il est bien un travailleur social », précise-t-elle. Son rôle n'est pas seulement de traduire une conversation, mais aussi de vérifier que le message est accessible et bien compris. Il doit donc, au besoin, de le reformuler. « Il s'assure aussi de l'autonomie de la personne sourde dans la communication », ajoute Aurélie Gorin, vice-présidente de l'Association française des interfaces de communication (Afic). Pour ce faire, il adapte son intervention aux potentialités psychologiques, physiques, affectives, cognitives, sociales ou culturelles de la personne sourde. Enfin, il a aussi pour mission de sensibiliser les différents partenaires à la surdité.

Un rôle de médiateur

Dans les services sociaux et médico-sociaux, il intervient sur notification de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Il exerce dans le cadre d'une équipe pluridisciplinaire. Et fait le lien entre la personne, les travailleurs sociaux et les administrations et services de droit commun. « L'interface ne doit pas faire à la place de la personne. Son intervention doit contribuer à créer les conditions permettant aux enfants, adultes et à leurs familles d'être reconnus dans leurs droits et pleinement acteurs de leur citoyenneté », prévient Fabienne Ajavon.
Idem dans les SAE. À Sourdmédia, quinze professionnels, dont sept interfaces de communication, accompagnent entre 300 et 400 personnes sourdes de la région Nord-Pas-de-Calais dans leur parcours de formation et leurs démarches vers l'emploi. « Certaines personnes n'ont pas un niveau linguistique en LSF ou les codes culturels permettant de mener seules un entretien d'embauche. Dans ce cas, l'interface intervient, aux côtés de l'interprète, pour repérer les éléments qui peuvent faire blocage à la communication. Dans un SAE, l'interface est donc à la fois un technicien de la surdité et un professionnel de l'insertion », explique Christophe Caron, directeur de Sourdmédia, et un des premiers interfaces de communication.

En voie de reconnaissance

« Un trop grand nombre de responsables associatifs n'ont pas les mêmes attentes », analyse Fabienne Ajavon. Ainsi, l'interface apparaît comme un « spécialiste polyvalent », mais pas omniprésent dans le parcours, devant cumuler les casquettes de travailleur social, d'interprète, de formateur et de chargé d'insertion. Pour l'heure, il est rattaché aux fonctions existantes dans les conventions collectives, en particulier celle d'éducateur spécialisé. Corollaire : l'absence de formation et de diplôme ad hoc. Mais depuis 2009, un groupe de travail, constitué de professionnels, d'employeurs et de représentants associatifs, y œuvre, en collaboration avec l'institut régional du travail social (IRTS) d'Ile-de-France (Lire ci-dessous). Une reconnaissance fortement attendue sur le terrain.

Estelle Nouel

Pour en savoir plus

- « Dans le cadre législatif actuel, le métier d'interface de communication est-il en perdition ou en devenir ? », mémoire de Fabienne Ajavon, soutenu en 2009 dans le cadre de l'Executive Master Gestion et politiques du handicap, de Sciences Po Paris.

- Association française des interfaces de communication : http://a.f.i.c.free.fr

Avis d'expert

Olivier Huet, directeur du site de Montrouge (Hauts-de-Seine) de l'IRTS d'Ile-de-France

« L'IRTS apporte son appui technique au groupe de travail sur le métier d'interface de communication. Nous avons construit un référentiel de compétences en nous appuyant sur celui d'éducateur spécialisé. La prochaine étape consistera à décliner le référentiel de formation. L'objectif du groupe est ainsi la création d'un diplôme d'État. Mais nous pouvons aussi envisager de mettre en place un diplôme reconnu par les différentes branches professionnelles. Dans le secteur social et médico-social, défendre la création d'un nouveau métier n'est pas aisé, car la tendance n'est pas à la définition de nouveaux diplômes. Pour que la démarche parvienne à son terme, il est indispensable que la représentativité du groupe de travail soit renforcée, qu'elle ait un mandat du plus grand nombre d'associations concernées, qu'il s'agisse des usagers, des professionnels ou des employeurs. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 83 - avril 2011


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