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Interprète social et médical
L’interprète médical et social traduit les maux

05/11/2013

Sollicité par des services sociaux et médico-sociaux, ce professionnel est un tiers neutre qui leur transmet les besoins exprimés par les usagers non francophones. Un métier de plus en plus sollicité.

Khédidja Benelhadj (Asamla) interprète sociale et médicale

La fonction d’interprète social et médical s’est développée à partir des années 1980 dans des associations d’aide aux migrants et s’est professionnalisée jusqu’à devenir un vrai métier en voie de reconnaissance. Son rôle ? Faci-liter le dialogue entre les personnels des services sociaux, médicaux, éducatifs et administratifs et les publics ne maîtrisant pas la langue française. Les associations qui les emploient interviennent dans des hôpitaux, des centres de protection maternelle et infantile (PMI), d’aide sociale à l’enfance (ASE), de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), des missions locales, des écoles…
« L’interprète traduit les propos de la personne de façon fidèle et objective, lui permet de s’exprimer pleinement et librement dans sa langue maternelle et, en retour, garantit au professionnel une transmission efficace de son message », indique Bernadette Valentin, responsable d’une unité d’action sociale à Strasbourg, qui recourt depuis longtemps à des interprètes. « La traduction par un voisin ou un enfant accompagnant l’usager est à proscrire, cela peut créer une relation de dépendance entre celui-ci et le tiers non professionnel qui, en outre, risque de modifier ses propos, causant d’éventuelles erreurs de diagnostic ou des retards de prise en charge », prévient Liliana Saban, directrice de l’association Migrations santé Alsace, qui emploie plusieurs interprètes.

Une charte déontologique

Pour donner plus de visibilité à ce métier et encadrer sa pratique et sa déontologie, dix associations représentant 700 interprètes et dix institutions utilisant leurs services (hôpitaux, unions départementales des associations familiales – Udaf, villes…) ont rédigé et signé une charte spécifique en novembre 2012. Elle fait précisément mention de la dimension interculturelle de la fonction. « L’interprète connaît le système social et médical français et peut s’assurer que la réponse du professionnel est bien comprise. Il peut en outre décoder les réactions de la personne, liées à des croyances ou des traditions par exemple », explique Aziz Tabouri, directeur de l’association Inter Service Migrants (ISM) à Paris.
Par ailleurs, le traducteur doit respecter la confidentialité des échanges, s’abstenir de tout jugement, adopter une posture impartiale et de distanciation face aux émotions. « Cette neutralité n’est pas évidente, l’interprète peut être tenté de conseiller ou de défendre la personne, souligne Cédric Gratton, directeur de l’Association santé migrants de Loire-Atlantique (Asamla). C’est pourquoi nous avons mis en place une analyse de la pratique avec un psychologue, où les salariés peuvent évoquer des entretiens douloureux, avec des réfugiés notamment. »

Des demandes en hausse

ètes et 170 000 heures de prestation par an, ISM Paris est le plus important organisme en France. Il propose un service d’assistance par téléphone 24 heures sur 24 et les professionnels peuvent se déplacer sur rendez-vous.
À Nantes, bien que l’effectif d’Asamla ait doublé en quelques années, il est insuffisant pour répondre à toutes les demandes. Et à Strasbourg, le service d’action sociale a recensé une augmentation de plus de 50 % des prestations entre 2009 et 2011. Partout, le recours à l’interprétariat social et médical est en hausse. « Le problème reste que les financements ne suivent pas, avertit Liliana Saban. Les rémunérations des interprètes sont dérisoires. » Leur salaire va de dix euros de l’heure à 1 800 euros par mois selon l’employeur. Les interventions peuvent être facturées à l’heure, au forfait, via un marché public ou encore sous forme de subvention directe à l’association.
La formation sur les aspects techniques et déontologiques est assurée directement par les associations. Pour faire face à ces besoins croissants, un premier diplôme universitaire d’interprète-médiateur en milieu social et médical a été ouvert en 2012 par l’université Paris 5-Denis Diderot à la demande du ministère de la Santé et des Affaires sociales. La reconnaissance de la profession avance à petits pas.

Mariette Kammerer

Point de vue

Khedidja Ben El Adj, interprète social et médical en langue arabe auprès de l'association Asamla, à Nantes

« Je pratique ce métier depuis 30 ans. Les interventions sont variées : consultations médicales à l’hôpital, en PMI, en centres médico-psychologiques ; entretiens avec une assistante sociale pour une demande de logement, de CMU ; réunions parents-professeur au collège, etc. Il faut avoir une qualité d’écoute, ne pas se substituer à l’autre et ne pas prendre parti, même si on désapprouve la réponse qui est faite à un usager. Connaissant les codes et les usages dans les deux cultures, on peut lever certains malentendus, décrypter des expressions ou demander au professionnel de réexpliquer ou rassurer la personne, quant à l’usage de la vaccination ou de l’échographie, par exemple. L’interprète est un tiers neutre qui donne une liberté et une autonomie à l’usager. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 113 - novembre 2013


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