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Éducateur spécialisé
L'éducateur spécialisé, un col blanc en baskets

05/03/2014

Professionnel emblématique du secteur social et médico-social, l’éducateur spécialisé occupe de plus en plus un rôle de coordinateur et de développeur de projets. Passant des missions de terrain à un engagement institutionnel et partenarial.

Laurent Baltazar est éducateur spécialisé libéral.

Un pied toujours solidement ancré sur le terrain auprès du public, l’éducateur spécialisé (ES) s’investit de plus en plus au bureau. Si sa mission première demeure d’accompagner « des personnes, des groupes ou des familles en difficulté dans le développement de leurs capacités de socialisation, d’autonomie, d’intégration et d’insertion » [1], son cadre de travail dépasse aujourd’hui la stricte intervention éducative, à travers notamment la gestion de projets. Et tend à prendre de nouvelles formes, en dehors des institutions classiques.

Une expertise renforcée

« Les éducateurs spécialisés sont aujourd’hui bien préparés au développement de projets, à la coordination et à la coopération territoriale. L’élévation de leur expertise leur permet d’aborder la complexité croissante des problématiques éducatives et sociales. Ils disposent des instruments de la communication et de l’adaptation aux modes d’organisation des structures », notaient en 2013 les auteurs d’une évaluation [2] de la réingénierie du diplôme d’État (DEES) [3]. Ce toilettage mené en 2007 a ainsi accentué le caractère attractif du titre (intervention dans des cadres d’emplois diversifiés, passerelles avec le métier de moniteur éducateur…), qui demeure emblématique de la filière et qui séduit toujours (malgré une reconnaissance au niveau bac +2 pour trois années d’études) de nombreux aspirants « éduc spé » [4]. L’accès par la VAE devient aussi significatif : en 2011, 1 216 diplômés sur 5 379 avaient choisi cette voie.

Toutefois, l’évolution de leurs rapports avec les publics « nécessite que soient renforcés les contenus relatifs à leur développement personnel [afin de] mieux déployer leurs qualités relationnelles et leurs aptitudes personnelles », poursuivent les auteurs du rapport. Qui suggèrent d'accroître « la contribution des sites qualifiants [c’est-à-dire des employeurs] à la certification pour mesurer la maîtrise des compétences évaluées ». Ce qui nécessite notamment une harmonisation des conventions avec les centres de formation. De quoi nourrir la réflexion à la veille de la définition d’une nouvelle architecture des diplômes du travail social [5].

Des chefs de service en puissance

Des professionnels plus experts et amenés à coordonner des projets sur le plan territorial, dans un contexte prônant la désinstitutionnalisation : une évolution bien perçue sur le terrain. En outre, que ceux-ci œuvrent dans le secteur public ou privé, dans le champ de l’enfance, du handicap ou de l’insertion, « un glissement des fonctions s’est opéré tout au long de la chaîne hiérarchique, si bien que des éducateurs spécialisés font souvent office de chefs de service », ajoute Pierre Favier, responsable de la formation ES à l’institut régional du travail social (IRTS) de Lorraine. Qui poursuit : « De plus en plus de jeunes diplômés se lancent dans le certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale (Caferuis), sitôt leur examen en poche. » Au risque de ne pas se forger assez d’expérience de terrain.

Du collégial au libéral

Là aussi, de nouveaux modes d’exercice émergent. Quelques professionnels tentent ainsi de s’affranchir des institutions. C’est le cas du Groupement d’éducateurs pour l’insertion des jeunes (Gepij), basé à Marseille. Les membres de cette association répondent à des appels à projets émis par des collectivités ou des organismes semi-publics. Un cran encore au-dessus dans la prestation de services ? L’exercice en libéral, choisi par exemple par Laurent Baltazar, qui a créé Educare en Gironde. Après une démarche « marketing » auprès de cliniques privées et de professionnels de santé libéraux intervenant auprès d’enfants présentant des troubles du comportement, il dispose désormais d’une véritable clientèle. « Dans le travail avec la famille, il n’y a plus cette mission de contrôle comme c’est le cas dans le cadre de placement d’enfants, raconte-t-il. Mais faute de crédits publics, pour le moment ce sont plutôt les catégories socioprofessionnelles aisées qui font appel à mes services. »

[1] Selon le référentiel professionnel du diplôme d’État d’éducateur spécialisé.

[2] Évaluation de la réingénierie du DEES, rapport des cabinets Geste et Louis Dubouchet Consultant pour la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), décembre 2013

[3] Décret n° 2007-899 du 15 mai 2007, arrêté du 20 juin 2007 et circulaire interministérielle n° DGAS/SD4/2007/436 du 11 décembre 2007

[4] Dans sa dernière enquête emploi, l’Unifaf recensait près de 52 800 ES salariés dans la branche sanitaire, sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif (Bass). 

[5] Lire dans ce numéro p. 4

Marjolaine Dihl

Point de vue

Jacques Fraisse, directeur de l’IRTS du Languedoc Roussillon

« Suite à la réforme du diplôme en 2007, les éducateurs spécialisés se sont trouvés renforcés dans le portage du projet éducatif et dans la coordination de projets, une dimension qu’ils partagent avec des travailleurs sociaux de même niveau. Cela s’explique par les évolutions des établissements et services qui, du fait de questions financières plus aiguës, doivent mieux cibler les métiers qu’ils recrutent. Désormais, dans le champ du handicap, le rôle de l'éduc spé est bien distinct de celui du moniteur éducateur ou de l’aide médico-psychologique (AMP). Il assure presque toujours une mission fonctionnelle de coordination, même s’il n’est pas chef de service. D’autant plus qu’au fil du temps, on assiste à l'éclatement d'institutions traditionnelles en plateformes de services. En revanche, dans la prévention spécialisée, l'éducateur spécialisé a davantage conservé ses missions de base. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 119 - mars 2014


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