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Médiateur de santé pair
Médiateur de santé pair

04/03/2015

Pour accompagner un patient atteint de troubles psychiques, le médiateur de santé-pair utilise son expérience d’ancien usager de services de santé mentale. Un métier encore en chantier.

Philippe Brun, médiateur de santé-pair

Se servir de son propre parcours pour mieux aider une personne souffrant de troubles psychiques. C’est la particularité du médiateur de santé-pair, usager des services de psychiatrie, rétabli ou en cours de rétablissement, formé à cet effet. Sa mission ? Participer à l’accompagnement de malades dans leurs démarches d’accès aux soins, aux droits sociaux, dans le développement d’habiletés sociales ou encore d’activités favorisant leur insertion. Ce, au sein d’équipes pluridisciplinaires des services sociaux ou de santé mentale. Un métier en pleine construction.

Entre le cure et le care

Le concept de la pair-aidance n’est pas neuf. À l'étranger (par exemple au Canada), certains programmes  visent la professionnalisation de travailleurs pairs, en particulier dans le domaine de la santé mentale. En France, leur présence, plus récente, s'est notamment développée sur le terrain dans le cadre de groupes supports et d’entraide pour malades du Sida, usagers de drogues… Surtout, depuis 2012, le centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (CCOMS) [1] pilote un programme expérimental innovant. Son ambition : embaucher et former en cours d’emploi une trentaine de médiateurs de santé-pairs au sein d’établissements de santé mentale volontaires. Avec à la clé l’obtention d’un diplôme universitaire (DU) délivré par l'université Paris 8.  

« J'accompagne les usagers de façon individualisée, dans une démarche de rétablissement, vers le mieux-être », témoigne Philippe Brun, médiateur de santé-pair dans trois unités (un pavillon d'hospitalisation, un centre médico-psychologique – CMP – et un groupe mobile de crise) du centre hospitalier Jean-Martin Charcot, à Plaisir (Yvelines). Et je propose aux autres professionnels un regard différent sur la souffrance, les pathologies et les troubles psychiques. » Les principales qualités de ces nouveaux professionnels ? Leurs capacités d’écoute, d’empathie et d'adaptation. Sans oublier l’expérience. « Mais nous devons trouver la bonne distance, pointe Philippe Brun. D'un côté, mon parcours en tant qu'usager est mise en avant, de l'autre, il ne faut pas non plus confondre les rôles. » Un positionnement à ajuster également avec les équipes en place, qui peuvent manifester quelques réticences à l’arrivée de ce profil atypique qui remet en question les frontières entre soignés et soignants, savoirs professionnel et profane, universitaire et expérientiel.

Une formation à pérenniser

« Leurs pratiques professionnelles sont variées : animation de groupes thématiques, entretiens individuels dans les hôpitaux de jour, les CMP et centres d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), visites à domicile, accompagnements en ville vers des structures associatives ou pour des démarches, mais aussi vers la sortie de la vie dans la rue. Les médiateurs coaniment des ateliers d'éducation thérapeutique et de remédiation cognitive. Une collaboration avec les travailleurs sociaux s’est mise en place pour plusieurs médiateurs, véritables vecteurs d'orientation des patients vers le service social », détaille le rapport final d’évaluation du CCOMS, qui vient d’être rendu public. Au vu du bilan globalement positif, le CCOMS appelle à poursuivre la démarche et à pérenniser ce métier. Fin 2014, seize médiateurs de santé-pairs étaient en poste. Et les trois agences régionales de santé (ARS) partenaires de l’expérimentation se sont engagées à continuer de financer les postes des médiateurs toujours en activité (embauchés comme adjoints administratifs, catégorie C de la fonction publique).

« Maintenant que ces nouvelles compétences sont inscrites dans des équipes de santé mentale, nous souhaiterions pérenniser la formation avec un recrutement au niveau bac +2 (avec une entrée possible via la validation des acquis de l'expérience – VAE – ou celle des acquis professionnels et personnels – VAPP). Et fixer les rémunérations dans la fonction publique sur celles des animateurs socioculturels », explique Jean-Luc Roelandt, directeur du CCOMS. Cette formation, qui serait équivalente à un bac + 3, est à l'étude pour 2015.

[1] En partenariat les ARS Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’université Paris 8 et avec le soutien du ministère des Affaires sociales et de la Santé, de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et de la Fondation de France. La Fédération nationale des associations d’usagers de la psychiatrie (Fnapsy) initialement impliquée dans la mise en place du programme, est actuellement en réflexion.

Flore Mabilleau

Point de vue

Olivier Vilt, chef de service, pôle Logement de l’association d'insertion Abej Solidarité, coordinateur du programme « Un chez soi d'abord », à Lille

 « Avec l'établissement public de santé mentale (EPSM) voisin, l'Abej Solidarité copilote le programme expérimental "Un chez soi d'abord" à Lille, qui s'adresse aux personnes sans domicile souffrant d'un trouble de santé mentale. Sur une équipe de 18 personnes, nous avons recruté deux médiateurs de santé-pairs pour apporter un regard complémentaire à ceux des autres professionnels (travailleurs sociaux, infirmiers…) grâce à leur vécu et à leurs expertise. Cela permet d'adapter la prise en charge de la personne plus finement. La question de leur management et de leur intégration dans l’équipe doit être anticipée. L'employeur doit aussi être à l'écoute du médiateur de santé-pair, afin de proposer si besoin un aménagement du temps de travail sur une période donnée, car le processus de rétablissement n'est pas linéaire. »

Aller plus loin

Rapport final de l'expérimentation publié par le CCOMS et l'EPSM de Lille Métropole et rapport de recherche du Clersé-CNRS de Lille, septembre 2014, à consulter sur www.ccomssantementalelillefrance.org

Publié dans le magazine Direction[s] N° 129 - mars 2015


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