Directions.fr : Le site des directeurs et cadres du secteur social et médico social

Scénothérapeute
Le scénothérapeute, un médiateur à voix haute

01/12/2021

Lus à voix haute, les textes littéraires peuvent être utilisés comme outils de médiation thérapeutique. Cette méthode, qui fait partie de la grande famille de l’art-thérapie, porte un nom : la scénothérapie.

Contrairement à ce que son nom et ses origines pourraient laisser penser, la scénothérapie ne consiste pas à monter sur scène. Il ne faut pas la confondre avec la dramathérapie ou médiation par le théâtre. « Cette thérapie émotionnelle est née dans les années 1960 à l’initiative du metteur en scène Émile Dars qui a constaté l’impact du texte sur le psychisme des comédiens et son retentissement sur leur comportement. Il a compris que le texte pouvait être inducteur d’émotions. Il a ensuite travaillé avec des psychiatres pour créer cette méthode », explique Geneviève Lullier, scénothérapeute et responsable de la formation à la Société française de médiation par le texte littéraire.

Pour se raconter

Pratiquée en séances individuelles ou collectives, la scénothérapie consiste à proposer aux participants de lire à haute voix un extrait d’un texte littéraire, puis d’exprimer leur ressenti et, éventuellement, de l’associer avec leurs propres souvenirs. Le scénothérapeute offre un choix entre quatre ou cinq textes qu’il a préalablement sélectionnés parmi un corpus de près de 1 000 références, classées par axes. « Les textes doivent remplir certains critères : ils ne doivent pas être trop longs et présenter une forte charge émotionnelle et affective », précise Geneviève Lullier.

Le recours à la médiation par le texte présente plusieurs avantages : « Pour certaines personnes, il est plus facile de passer par les mots d’un autre pour se raconter soi-même. Cela met de la distance tout en permettant de produire ses propres émotions et ses images », indique Hélène Denys-Milan, scénothérapeuthe. « Le texte évite un face-à-face trop brutal avec sa vie pulsionnelle et ses affects, poursuit Geneviève Lullier. Il peut être bénéfique pour les personnes fragiles qui manquent d’assise narcissique ou ne supportent pas le silence d’une technique thérapeutique. »

Profils et publics variés

La scénothérapie peut être pratiquée par des professionnels aux profils variés. La majorité sont orthophonistes, psychologues, comédiens ou éducateurs spécialisés. Il y a aussi des enseignants, des coachs en développement personnel ou encore des infirmiers (en psychiatrie surtout). Cette technique peut être utilisée auprès de personnes âgées, handicapées, en milieu psychiatrique, carcéral, scolaire…

Comédienne de formation, Hélène Denys-Milan intervient régulièrement en Ehpad : « Les équipes m’adressent des résidents souvent isolés ayant une appétence pour la littérature. L’objectif est de retisser du lien, de favoriser la communication et d’exprimer ses émotions de manière authentique. » La scénothérapeute propose un cycle de quatre séances reconductibles, elle aborde des thèmes très différents : la mémoire, la vie, la mort, l’affirmation du moi, la douleur, l’angoisse, la spiritualité…

Sa collègue Geneviève Lullier, psychologue de formation, a pratiqué la scénothérapie auprès d’adolescents en décrochage scolaire et de publics pris en charge par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), ou encore dans des services psychiatriques. « En milieu psychiatrique, l'activité se fait en groupe car l’une des finalités est l’apprentissage de la relation à l’autre. Il peut s’agir de lever les inhibitions, les angoisses, de faire un travail sur le corporel avec la reconnaissance des sensations et des émotions… »

Le mode d’exercice dépend du statut du scénothérapeute qui peut exercer en libéral ou être salarié rattaché à une structure. La formation qui débouche sur une attestation dure un an et demi avec la soutenance d’un mémoire.

Aurélie Vion

Point de vue

Catherine Bouic-Peña, éducatrice spécialisée et scénothérapeute au Centre accueil consultation information sexualité (Cacis), à Bordeaux

« J’ai suivi la formation de scénothérapeute en 2011. Je l’utilise en séances collectives, auprès de personnes âgées par exemple, et en individuel pour des jeunes en institutions spécialisées (Mecs, IME…) qui préoccupent les équipes. Travaillant pour le Cacis, mes interventions tournent généralement autour de la question de la vie intime, affective et sexuelle. Choisir un texte et le lire à voix haute : cela paraît tout simple, mais cela permet aux personnes de trouver des résonances avec leur propre histoire, d’exprimer des choses et d’apaiser des conflits. Un instituts médico-professionnel (Impro) m’avait par exemple demandé de travailler auprès d’une jeune femme qui faisait souvent des fellations dans les toilettes. En réalité, elle ne savait pas dire non. Elle se soumettait et culpabilisait car elle pensait être la seule à vivre ça. Quand elle a lu des textes, elle s’est identifiée et nous avons pu travailler sur les capacités psychosociales pour qu’elle apprenne à dire non. C’est une méthode très douce et rassurante. On ne force rien, la personne est maître de la situation. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 203 - décembre 2021


La possibilité de réagir à un article de Direction[s] est réservé aux abonnés  du magazine Direction[s]
Envoyer cette actualité par email :
Email de l'expéditeur (vous)*

Email du destinataire *

Sujet*

Commentaire :

* Champs obligatoires


Le Magazine

N° 229 - avril 2024
Restauration collective. Trouver l'équilibre
Voir le sommaire

Formation Direction[s]
Offres d'emploi
Les 5 dernières annonces publiées
Conseil Départemental de la Seine Saint Denis

DIRECTEUR·RICE GÉNÉRAL·E DU CDEF 93

Conseil Départemental de la Seine Saint Denis

MEDECIN REFERENT MALADIES INFECTIEUSES

UDAF DE LA MARNE

DIRECTEUR DE POLE (H/F)

Le Département de la Manche

Responsable du territoire de solidarité Coutançais (f/h)

Département du Val-de-Marne

GESTIONNAIRE COMPTABLE (H/F)


Voir toutes les offres
Trophée Direction[s] : l'essentiel

Logo Trophée 2

Participez au Trophée Direction[s] 2023 !

Sous le haut patronage de :

Aurore Bergé, ministre des solidarités et de la famille,

Madame Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées,

et

Charlotte Caubel, secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance.

 

En partenariat avec :

Logo Axiome

et

 


sub Aap Découvrez Direction[s] Clés en vidéo En savoir plus Je m'abonne