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Accompagnant des élèves en situation de handicap
AESH : un cadre de travail en pleine mutation

03/03/2021

CDD d’au moins trois ans, service RH dédié… Depuis 2019, les conditions d’exercice des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) ont évolué en vue d’une « gestion valorisante » de ces professionnels. Un objectif qui semble cependant parfois manquer sa cible.

Piliers de l’« école inclusive » souhaitée par les pouvoirs publics, les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) ont pour mission de favoriser l’autonomie des enfants. Ils leur apportent une aide dans les actes de la vie quotidienne, dans l’accès aux apprentissages ainsi que dans les activités de la vie sociale et relationnelle. « Un peu psychologues, un peu pédagogues, un peu infirmières… Nous sommes multifonctions », résume Catherine Fournier, AESH à Avignon depuis huit ans.

Un pas vers la reconnaissance du métier

Si leur mission est essentielle pour la scolarisation des enfants en situation de handicap, leur statut est longtemps resté indéfini. Une première réforme de 2014 avait amorcé leur professionnalisation en créant le statut d’AESH à la place de celui d’auxiliaire de vie scolaire (AVS), permettant notamment leur recrutement en CDI après six années d’exercice. Avec la loi pour une école de la confiance de juillet 2019, le gouvernement a fait un pas de plus dans la reconnaissance et l’amélioration de leurs conditions d’emploi.

Depuis la rentrée scolaire 2019, les AESH ne peuvent ainsi plus être recrutés en contrats aidés renouvelés d'une année sur l'autre, mais uniquement en CDD de trois ans minimum renouvelable une fois et transformé ensuite en CDI. Par ailleurs, une formation d’adaptation à l’emploi de 60 heures doit être obligatoirement suivie par les AESH non titulaires d'un diplôme professionnel dans le secteur de l'aide à la personne (tel que le diplôme d'État d'aide-soignant – DEAS). Autrement dit, ceux justifiant d'une expérience professionnelle d'au moins neuf mois dans les domaines de l'accompagnement des personnes en situation de handicap ou d'un titre ou diplôme au moins de niveau IV (bac).

Enfin, les services académiques sont désormais tenus de mettre en place « une organisation qui permet d'assurer la gestion des AESH par un interlocuteur compétent en ressources humaines (RH) et spécifiquement identifié », précise le ministère de l'Éducation nationale. À Paris, une cellule d’accompagnement a ainsi été instituée. « C’est important qu'il y ait des personnes à l’écoute des AESH », souligne Patrick Fontaine, conseiller technique ASH du recteur de l’académie de Paris. Trois personnes y sont pour le moment dévolues et des recrutements sont en cours.

Cependant, de nombreuses disparités existent entre les régions. « Nous sommes toujours livrés à nous-mêmes, regrette Catherine Fournier. Le service départemental de l’école inclusive a été mis en place l’année dernière dans le Vaucluse, mais nous n’avons jamais les mêmes personnes au téléphone et elles ne répondent pas à nos mails. Ce sont les directeurs d’établissement qui nous donnent des informations. » Une situation peut être en passe d’évoluer, un professionnel venant d’être affecté à leur secteur.

Rattachés aux Pial

La réforme entérine également une autre transformation d’ampleur, souvent décriée par les professionnels (lire l'encadré) : leur rattachement non plus directement aux élèves, mais aux pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial). « Cela permet la mutualisation des AESH, relève Patrick Fontaine. Il s’agit d’un espace territorial, composé d’écoles et/ou d’établissements, au sein duquel les professionnels peuvent être déplacés, afin d’apporter de la souplesse dans l’organisation de l’accompagnement. » Sous l’autorité des pilotes des Pial (l’inspecteur de l’Éducation nationale dans le premier degré et le chef d’établissement dans le second degré), ce sont ainsi les coordonnateurs des pôles qui déterminent les emplois du temps des AESH, en fonction des besoins des élèves notifiés par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).

Élise Brissaud

Point de vue

Jérôme Antoine, membre du Collectif AESH Île-de-France, représentant syndical de la CGT Éduc’action

« Les conditions de travail des AESH se sont beaucoup dégradées depuis la mise en place des Pial. Avec cette nouvelle logique de mutualisation, les professionnels sont envoyés d’un établissement à un autre en fonction des besoins et leurs emplois du temps sont donc amenés à évoluer constamment. Cette instabilité a notamment obligé des collègues à abandonner leur deuxième emploi. Nombreux sont ceux qui craquent et démissionnent. Cela a également entraîné une dissolution de la chaîne hiérarchique. On ne sait plus à qui on doit rendre des comptes. La logique de l’inclusion scolaire a par ailleurs été totalement inversée. La CDAPH ne détermine plus le nombre d’heures d’accompagnement à attribuer à un élève, mais donne consigne au Pial de le faire. Cela aboutit à du saupoudrage. Les élèves se retrouvent parfois avec des AESH différents dans une même journée. »

En savoir plus

Circulaire n° 2019-090 du 5 juin 2019

Publié dans le magazine Direction[s] N° 195 - mars 2021


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