Qu’adviendra-t-il des réflexions menées depuis juin au sein des États généraux de l’insertion et de la probation ? Si l’ambition est de dessiner des pistes pour améliorer l’accompagnement des personnes placées sous main de justice, le « rôle central que doit être celui des services pénitentiaires Spip » est au cœur des débats, a cadré le garde des Sceaux. « Il en est même exclusivement question, Gérald Darmanin ayant clairement indiqué sa volonté de les voir réinvestir le champ du pré-sentenciel », assure Stéphane Landreau, directeur général de la fédération Citoyens et Justice. Des activités aujourd’hui en grande partie assurées par le secteur associatif, sous mandat direct des juridictions. « L’État compte-t-il recruter des centaines de conseillers d’insertion pour remplir ces missions, notamment les soirs et week-ends ? Ou envisage-t-il plutôt de choisir des prestataires, y compris lucratifs ? Dans tous les cas, une telle décision menace de tuer le secteur associatif, qui accompagne pourtant 350 000 personnes par an. »
Le Ségur, pas pour tous
D’autant que celui-ci doit, dans le même temps, faire face à un risque d’asphyxie financière. Près de dix-huit mois après l’agrément de l’accord sur le Ségur pour tous, les gestionnaires n’ont toujours reçu aucune compensation du ministère – à l’exception de ceux intervenant au bénéfice des mineurs, assure Citoyens et Justice qui chiffre le montant de la facture à 8 millions d’euros annuels. Et ici, comme ailleurs, la situation pèse sur le climat social. « Sur le terrain, ça grogne : certaines associations sont aux prud'hommes, d’autres ont dû licencier après avoir versé la prime sur leurs fonds propres…, liste Stéphane Landreau. Résultat ? Ceux de nos adhérents qui interviennent aussi sur d’autres champs s’interrogent sur le fait de poursuivre leurs activités socio-judiciaires. » La place Beauvau décidera-t-elle de revoir sa politique envers ses partenaires associatifs ? Un premier rendez-vous était prévu fin octobre.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 246 - novembre 2025