Roman

Une comédie romantique irrésistiblement drôle

Jeune journaliste cinéma au plus grand magazine culturel français, L’Œil Hebdo, Marianne Corvo est totalement fan de la méga star hollywoodienne Ben Whyte. Quand ce dernier vient à Paris faire la promotion de son dernier film (un blockbuster où il campe un chasseur de zombies), c’est tout naturellement que le rédacteur en chef de Marianne l’envoie au press junket avec le sex-symbol, ces interviews à la chaîne au cours desquelles les journalistes ont à peine cinq minutes pour poser trois questions convenues. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Marianne enchaîne gaffe sur gaffe, provoquant l’hilarité de Ben Whyte… et plus car affinités. Paris-Hollywood, premier roman très réussi de Cécile Mury, journaliste cinéma à Télérama, est la quintessence des comédies romantiques que l’on aime : extrêmement drôle, léger, sensible, osé, émouvant… La plume alerte de l’autrice nous embarque, avec ses personnages attachants et plus complexes qu’il n’y paraît, dans des situations tellement imagées qu'on les voit déjà sur grand écran (les droits du livre ont été achetés pour son adaptation en scénario avant même sa sortie en librairie). Le tout est truffé de références cinématographiques savoureuses et d’évocations littéraires et musicales finement tissées avec l’intrigue, en livrant en prime une subtile réflexion sur notre société ultramédiatisée. Avec habileté, Cécile Mury parvient même, dans un genre qui laisse rarement planer le doute sur son happy end, à ménager un vrai suspense sur l’issue de la romance de l’été. Qu’il ne vous reste plus qu’à découvrir !

Paris-Hollywood, Cécile Mury, Flammarion, 21,50 euros.

Série

Douglas is cancelled

Une claque que cette mini-série en quatre épisodes, diffusée initialement sur Arte. C’est l’histoire d’un tweet, rapidement devenu viral. En quelques minutes, le journaliste vedette Douglas Bellowes, aux commandes d’une importante tranche d’info, se retrouve au cœur d’un scandale médiatique, accusé d’être l’auteur d’une blague sexiste dont il se souvient à peine (vraiment ?). Sûr de lui, il minimise « l’incident ». Grave erreur à l’heure des réseaux sociaux, dont il ne verra pas venir l’emballement qui finira par menacer sa carrière. La première à lui tendre la main ? Sa jeune coprésentatrice Madeline Crow, qui fera tout pour l’aider à se réhabiliter en faisant la lumière sur cet épisode malheureux. Il faut dire que ces deux-là sont avant tout amis, non ? Vengeance implacable, puissance des médias, tension omniprésente… Cette histoire, c’est bien plus que cela dans cette période post-Me too. Parce que Karen Gillian (Doctor who mais aussi Jumanji) et Hugh Bonneville (Downtown Abbey) crèvent l’écran et que Steven Moffat (également créateur de la série Sherlock) connaît assurément son affaire. Mais surtout parce qu’il vous faudra en attendre le dénouement pour saisir l’origine du malaise croissant. Une claque, disais-je.

Douglas is cancelled, mini-série de Ben Palmer, disponible en streaming sur Amazon prime  et arte.tv

Podcast

Ouvrir les vannes

« Une analyse pointue, objective et impartiale de l’actualité. » Si, pour vous, ce slogan décrit avec précision le rendez-vous quotidien de Pascal Praud sur CNews, passez votre chemin. Si vous n’êtes pas adepte du second degré, faites-en autant. Car cette formule donne parfaitement le ton de l’émission La dernière, lancée en septembre 2024 sur Radio Nova. Porté par un quatuor d’humoristes aguerris sur les ondes – Juliette Arnaud, Aymeric Lompret, Pierre-Emmanuel Barré et Guillaume Meurice –, ce programme en direct du théâtre L’Européen le dimanche ne fait ni dans le consensuel ni dans la neutralité. Entre blagues potaches, tacles sur le traitement médiatique, scuds politiques ad hominem et autodérision entre les membres de l’équipe, le sérieux n’y est jamais de rigueur, quitte à flirter avec le dérapage. Et, c’est tant mieux. Parce que lorsque le monde ne tourne plus rond et que les nouvelles sont (presque) toujours mauvaises, il est bon de prendre le parti de rire… De tout. Jaune. De passer par toutes les couleurs (de la gauche politique, cela va sans dire). Radio Nova en a d’ailleurs fait sa marque de fabrique, en témoignent ces punchlines publicitaires : « Nos humoristes ne se censurent pas, sinon ils sont virés », « Non genrée depuis 1981 », « Vive le rassemblement international »… Une résistance à la morosité ambiante et à la bien-pensance qui a la saveur d’un antidépresseur, naturel mais tout aussi addictif. Soit la seule émission qui nous donne hâte d’être déjà dimanche, n’en déplaise à Michel Drucker.

La dernière, émissions à retrouver sur Radio Nova, sur https://podcasts.nova.fr/radio-nova-la-derniere

Beaux-arts

Une vie en couleurs

La Fondation Louis Vuitton célèbre les soixante-dix ans de carrière de David Hockney avec une rétrospective monumentale, à voir jusqu’au 31 août 2025. L’exposition déploie plus de quatre cents œuvres retraçant les grandes étapes de l’artiste britannique, figure majeure de la peinture contemporaine. De la Californie pop des années soixante (et ses piscines iconiques comme sur A Bigger Splash) aux paysages vibrants des campagnes du Yorkshire et de la Normandie qui témoignent de son attachement à la nature, David Hockney explore la lumière, la couleur et la perspective, jouant de la confusion entre peinture et photographie. Innovateur, il adopte très tôt les outils numériques, comme en témoigne sa série 220 for 2020 réalisée sur iPad, et présentée ici dans une installation immersive. L’exposition culmine avec des œuvres récentes inspirées de William Blake et Edvard Munch, sans oublier son dernier autoportrait, à 87 ans. S’il est souvent associé au pop art, son travail ignore les étiquettes en conjuguant tradition picturale et audace technologique, regard intime et expérimentations visuelles. Pour ceux qui ne peuvent s’y rendre, le catalogue de l’exposition propose un complément idéal avec près de cinq cents illustrations, tout comme le documentaire David Hockney, le temps retrouvé sur Arte qui éclaire son processus créatif. En près d’une heure, il offre un portrait intime de celui qui « préfère vivre en couleur ».

David Hockney 25, Fondation Louis-Vuitton (Paris), du 9 avril au 31 août 2025, sur www.fondationlouisvuitton.fr

David Hockney 25, Catalogue de l’exposition, Norman Rosenthal, éd. Thames & Hudson, avril 2025, 49,90 euros thamesandhudson.fr

David Hockney, le temps retrouvé sur www.arte.tv disponible jusqu’au 15 août

Cinéma

« J’veux juste m’en sortir »

Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma sont hébergées dans une maison maternelle. Peu connu du grand public, ce type de structure accueille et soutient des femmes isolées dans leur vie de jeune mère. Ces cinq adolescentes ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure, pour elles-mêmes et pour leur bébé. Mais comment tisser un lien avec son enfant alors qu’on l’est encore soi-même ? Comment apprendre à s’en occuper alors qu’on n’a pas – ou peu – de repère ? Comment prendre les bonnes décisions pour un nouveau-né qui compte sur nous alors qu’on a soi-même été élevé par des parents absents ou défaillants ? Trois fois primé au 78^e Festival de Cannes (prix du scenario, prix du Cinéma positif et prix Ecoprod), le 13^e long-métrage des frères Dardenne est un vrai petit bijou, à mettre entre toutes les mains ! À la manière d’une docu-fiction, ils suivent avec leur caméra, de façon intimiste, le quotidien et le parcours de ces cinq personnages aux vies vraiment cabossées entre aspirations, doutes, espoir et désillusion. Et où, parfois, le simple sourire d’un nourrisson ramène de la lumière.

Jeunes mères, film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Diaphana distribution, mai 2025, durée : 1 h 45, Belgique