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Médecin addictologue
L’approche clinique et sociale de l’addictologue

01/07/2021

Dans les structures sociales et médico-sociales, la réussite de l’accompagnement des usagers par le médecin addictologue dépend souvent de sa capacité à savoir nouer des partenariats de qualité avec l’ensemble des acteurs sanitaires et du secteur.

Jean-Michel Delile

À la croisée de plusieurs approches, l'addictologie est une discipline récente, issue de la réunion des champs de l'alcoologie, de la tabacologie et de la toxicomanie. Accessible aux psychologues, aux infirmiers ou aux éducateurs, la fonction d'addictologue est cependant davantage endossée par des médecins généralistes ou psychiatres qui, selon leur spécialisation, portent un regard différent sur les dépendances.

« Mon rôle en tant que médecin généraliste addictologue consiste à prévenir et évaluer pour, ensuite, assurer un suivi personnalisé du patient dépendant. De par ma formation, je me préoccupe de l'état de santé physique de la personne, je vérifie sa tension, ses points d'injection pour voir s'il n'y a pas de complications cutanées. J'ai aussi une fonction de dépistage du VIH et des hépatites B et C, très courantes chez les toxicomanes et, en cas de positivité, de les orienter vers un service hospitalier spécialisé. Ce n'est toutefois pas à moi d'entreprendre le suivi psychologique, ni de prescrire des traitements autres que ceux qui sont spécifiques à l'addiction, décrit Xavier Aknine, qui partage son emploi du temps entre son cabinet libéral et le centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) Émergence, à Paris.

Fort de son expérience de psychiatre, Jean-Michel Delile aborde, quant à lui, l'évaluation des addictions sous l'angle de la psychopathologie : « Plus on va vers l'alcool et toutes les drogues autres que le tabac, plus on se rend compte qu'il y a une forte coprésence de vulnérabilités psychiques. Lorsque les troubles sont avérés, il faut pouvoir les accompagner sur cet aspect-là pour avoir une chance que, grâce à notre travail, la situation évolue positivement », explique ce spécialiste qui, après avoir intégré l'association CEID Addiction en Nouvelle-Aquitaine en tant que psychiatre addictologue en 1986, est désormais le directeur général de l'organisation [1].

Réduction des risques

Rares sont les structures médico-sociales qui s'assurent les services d'un médecin addictologue à temps plein – la plupart des postes salariés étant à temps partiel, voire très partiel. Parmi elles, les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (Caarud), les centres résidentiels thérapeutiques et les Csapa.

Un fort ancrage local doublé d'actions de sensibilisation hors les murs font de ces derniers les interlocuteurs privilégiés de nombre de professionnels du secteur social lorsqu'ils se retrouvent démunis face à une consommation excessive de la part d'usagers. « Aujourd'hui encore, c'est la logique d'interdiction qui domine dans les centres d'hébergement. En les encourageant à adopter plus de tolérance dans la gestion de cette problématique, nous sommes dans une démarche de réduction des risques qui contribue à lever le tabou en la matière et aide les usagers à se confier », considère Xavier Aknine.

Pluridisciplinarité

Pour s'acquitter au mieux de ses missions, le médecin addictologue s'appuie sur une équipe multidisciplinaire composée d'infirmiers, de psychologues, de psychiatres et d'assistantes sociales. Ensemble, ils proposent une écoute, une évaluation et un accompagnement médical, psychologique et socio-éducatif. « Les facteurs qui conduisent aux addictions sont pluriels : biogénétiques mais aussi sociaux, familiaux, psychologiques. Si bien que, à moins d'être réellement polyvalent, le médecin a besoin de s'articuler avec d'autres disciplines. C'est en mettant en commun toutes ces compétences qu'on peut travailler dans la durée », observe Jean-Michel Delile. Une alliance socio-psycho-thérapeutique qui n'a toutefois pas réponse à toutes les situations. « Plus les personnes cumulent les problématiques, plus il est difficile de les aider à évoluer, concède Mario Blaise, psychiatre addictologue et chef de pôle au centre médical Marmottan, à Paris. Cela demande donc de l'humilité pour l'accepter et accompagner les patients à leur rythme. »

[1] Il est également président de la Fédération Addiction.

Carol Eyben

Point de vue

Mario Blaise, psychiatre addictologue, chef de pôle au centre Marmottan, à Paris

« Après une spécialisation en psychiatrie, j'ai suivi la formation médicale en addictologie. Ces expertises me permettent de rencontrer des patients aux profils complexes. Car, sous la bannière de l'addictologie, se cachent des réalités cliniques bien différentes, la majorité des gens que nous recevons devant faire face à une poly-consommation et à des pathologies et des problèmes sociaux associés. Dans notre équipe, nous travaillons avec des assistantes sociales avec qui nous réalisons souvent des entretiens en binôme avec les patients. Souvent perçue à tort comme un peu ennuyeuse, chronophage ou décevante, l'addictologie est au contraire une discipline passionnante où l'accompagnement humain est plus développé que dans certaines spécialités. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 199 - juillet 2021


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