Depuis 1946, l’Organisation mondiale de la santé affirme que la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social ». Mais la santé mentale n’a été introduite que tardivement dans le Code du travail avec la loi de modernisation sociale de 2002, via la question du harcèlement moral.

Selon l’Association française de normalisation (Afnor), un Français sur cinq vivra un problème de santé mentale dans sa vie, quand 13 % des salariés seraient en détresse psychologique élevée. Des études démontrent également un lien entre les facteurs collectifs (conditions de travail, pratiques managériales…) et la dégradation de la santé mentale. Face à ces situations de détresse, il est essentiel de savoir reconnaître les signes et d’adopter une attitude appropriée. Au même titre qu’ils doivent identifier les risques psychosociaux et protéger la santé physique de leurs salariés, les employeurs ont l’obligation de prendre en compte leur santé mentale. Pour cela, une formation de deux jours (14 heures) pour les premiers secours en santé mentale (PSSM) peut être proposée aux salariés volontaires. Élaborée par l’association PSSM France (à un tarif de 250 euros), elle s’inspire de la formation aux premiers secours physiques. Sa particularité : une logique d’urgence différente, un secouriste en santé mentale pouvant être amené à intervenir plusieurs fois pour accompagner une personne vers le soin.

Un volet standard

Né en Australie en 2000, ce programme a été introduit en France en 2019. Deux volets existent. Le premier comprend les PSSM standard pour les adultes. Ce programme permet de mieux comprendre les enjeux de la santé mentale au travail et d’identifier les ressources pour accompagner les salariés. Les stagiaires sont ensuite capables de mettre en place plusieurs formes de soutien : informationnel (pour que la personne comprenne ce qui lui arrive), émotionnel (rassurer), instrumental (présenter les ressources à disposition) ainsi qu’en matière d’intégration sociale. 

Le volet standard poursuit cinq objectifs principaux :

• acquérir des savoirs de base sur les troubles dépressifs, psychotiques, anxieux, liés à l’utilisation de substances ;
• mieux appréhender les différents types de crises ;
• développer des compétences relationnelles : écouter activement et sans juger, rassurer, communiquer une information adaptée, entretenir un rapport de vérité ;
• mieux faire face aux comportements agressifs en sortant des préjugés ;
• s’approprier et mobiliser un plan d’actions pour apporter une aide immédiate.

Afin d’apporter celle-ci à la personne en détresse psychologique la démarche « AÉRER »  consiste à approcher la personne (si elle n’est pas en crise) ; l’écouter ; la réconforter ; l’encourager et la renseigner sur les ressources disponibles qui permettront de l’aider (par exemple, les professionnels de santé adéquats).

Un volet « publics jeunes »

Le second volet porte sur les PSSM Jeunes spécifiques pour les adultes qui vivent ou travaillent avec les 12-18 ans et les jeunes majeurs. Ce programme permet une formation sur le développement de l’adolescent, les troubles anxieux, la dépression (dont la crise suicidaire), les psychoses, les troubles du comportement alimentaire et les addictions.

À l’issue de ce cursus, les stagiaires obtiennent une attestation de secouriste en santé mentale sur le site de PSSM France. D’ici à 2030, la cible est de compter 750 000 secouristes en santé mentale formés, contre 209 000 actuellement. Au niveau mondial, huit millions de personnes l’ont déjà été. Avec l’augmentation fulgurante des demandes de formation ces dernières années, notamment du fait des crises sanitaires, l’association PSSM France planche sur des modules de recyclage, sur le même principe que pour les sauveteurs secouristes du travail.

Publié dans le magazine Direction[s] N° 244 - septembre 2025