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Tribune libre
« N’oublions aucune précarité : le cas des NER »

29/10/2018

Un tiers des seniors sans emploi ni retraite (dits « NER ») vivent en dessous du seuil de pauvreté. Un public dont les besoins spécifiques ne sont pas suffisamment pris en compte par la Stratégie Pauvreté, estime Armelle de Guibert, déléguée générale des Petits frères des Pauvres. Pour qui il faut notamment imaginer des dispositifs leur permettant d’accéder plus rapidement à l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Sans oublier la lutte contre l'isolement relationnel, qui reste un frein important dans l'accès aux droits.

les risques particuliers qui pèsent sur l’état de santé de ces personnes

Les Petits frères des Pauvres alertent depuis longtemps sur la précarité qui touche une partie importante de nos aînés et qui représente un facteur puissant d’aggravation de leur isolement. Une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) est venue conforter ce constat en nous apprenant qu’un tiers des seniors sans emploi ni retraite (dits « NER ») vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce public, composé de personnes de 53-69 ans ne touchant ni pension de retraite ni revenu d’activité, sont au nombre de 1,4 million, principalement des femmes, à l’état de santé précaire, faiblement diplômées et ayant occupé des emplois ouvriers ou employés.

Des besoins spécifiques à prendre en compte

Plusieurs des mesures prévues par la Stratégie Pauvreté, comme le renouvellement automatique de la CMU-C pour les allocataires du RSA ou bien l’instauration d’un service public de l’insertion, représentent une avancée. Les besoins spécifiques de ces personnes NER ne sont pas suffisamment pris en compte pour autant. L’étude de la Drees nous apprend en effet que celles « ne souhaitant pas travailler sont dix fois plus nombreuses que celles qui souhaitent trouver un emploi mais n’en cherchent pas. Elles mettent en avant les problèmes de santé dans 42 % des cas. » Quid de ce public ? Les Petits frères des Pauvres qui, depuis 30 ans, ont développé une action spécifique en direction de ces personnes, alertent depuis longtemps les pouvoirs publics sur la nécessité de répondre par des mesures ciblées à leurs besoins particuliers. En effet, l’accès à l’emploi pour un certain nombre d’entre elles est illusoire et il convient d’imaginer des dispositifs leur permettant d’accéder plus rapidement à l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) sans rupture de droits. Il arrive trop souvent qu'elles se retrouvent sans ressources pendant des périodes parfois longues occasionnant des situations pouvant aller jusqu’à la perte de logement.

Par ailleurs, l’expérience des Petits frères des Pauvres confirme l’analyse de la Drees concernant les risques particuliers qui pèsent sur l’état de santé de ces personnes. Ils sont souvent liés à une difficulté dans l’accès aux soins, en particulier pour les personnes dont le revenu est légèrement supérieur au montant maximum fixé pour accéder à la CMU-C. Dans ce cadre, la mesure visant à garantir l’accès à une complémentaire santé est un progrès. J’avais eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet à l’occasion d’une audition par la commission des affaires sociales du Sénat en novembre 2012. Les situations des personnes que nous accompagnons montrent qu’au-delà des dispositifs légaux, elles rencontrent également de grandes difficultés de nature extra-légale :

  • le délai de la mise en place des versements mensuels qui est assez frustrant pour les personnes ;
  • les arrêts de versements soudains pour des raisons souvent incompréhensibles ;
  • les délais de reprise de versements très longs malgré le renvoi du dossier en règle parfois réclamé à plusieurs reprises ;
  • l’examen très « tatillon » des dossiers administratifs assez peu en phase avec le public visé qui, sans l’aide des associations, n’aurait aucune chance d’ouvrir ses droits.

Améliorer l’accès aux droits

Il s’agit donc d’être extrêmement vigilants concernant la mise en œuvre des mesures annoncées pour faciliter l’accès aux droits. Au-delà de l’amélioration du fonctionnement des services qui les délivrent, les équipes des Petits frères des Pauvres constatent que l’un des freins principaux est l’absence d’entourage et plus généralement la pauvreté en liens au sens du rapport de Jean-François Serres au Conseil économique, social et environnemental (Cese) « Combattre l’isolement social pour plus de cohésion et de fraternité ».

Ainsi, la lutte contre l’isolement, en favorisant l’engagement citoyen, est essentielle comme le constatent au quotidien les équipes des Petits frères des Pauvres. La coopération des acteurs qui interviennent sur ce champ telle qu’elle se vit au sein de l'association Monalisa mérite d’être soutenue et encouragée. Il est donc regrettable que la lutte contre l’isolement ne figure pas au nombre des mesures de la Stratégie Pauvreté.

Armelle de Guibert, déléguée générale des Petits frères des Pauvres






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