« Nous allons refonder les parcours au sein de l’aide sociale à l’enfance. » Mi-octobre, le garde des Sceaux a émis le souhait que l’institution judiciaire reprenne « une place centrale dans le pilotage de cette politique, en étroite collaboration avec les départements ». Comment ? Missionnée en mars 2025, l’Inspection générale de la justice (IGJ) a listé ses recommandations, au menu desquelles figurent justement la nécessité d’un réengagement de l’État et l’optimisation de la gouvernance locale. Pourquoi ? Marc Hernandez, cosecrétaire national du syndicat de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) SNPES-FSU, affiche d’emblée son scepticisme : « La direction de la PJJ a déjà un rôle de coordination. S’il s'agit d’apporter plus de fluidité, de faire des ponts entre les deux, pourquoi pas... Mais on ne revendique pas de retour en arrière. »
Partir du terrain
L’IGJ suggère notamment la désignation d’un conseiller technique Parcours des mineurs, la mise à disposition de temps d’éducateur PJJ dans les cellules de recueil, de traitement et d’évaluation des informations préoccupantes ou une mesure unique en milieu ouvert. « Nous avons une expertise sur l’adolescence. Dans certains cas, nous préconisons une action éducative en milieu ouvert. Quand nous sommes déjà en lien avec la famille et le jeune, s’il n’est pas loin de la majorité, nous avons un intérêt à le faire », envisage Marc Hernandez. Un impératif, cependant : que ce soit pensé avec les équipes selon les besoins sur le terrain. « Depuis le recentrage de la PJJ en 2007, il s’est passé du temps. On ne peut pas, d’un coup, revoir le portefeuille des personnels éducatifs. Surtout, il faut des moyens et du temps », nuance-t-il. La question est identifiée du côté de l’IGJ qui insiste pour que cette transformation s’accompagne d’un ajustement de l’allocation des moyens humains. Ce, en prenant en compte l’activité de soutien des juges des enfants et des magistrats des parquets pour les mineurs, en réduisant les effets de report de charge sur les mesures judiciaires d’investigation éducative civiles et en allégeant les personnels PJJ de milieu ouvert. Marc Hernandez de prévenir : « Sans cette réaffectation des moyens, ce serait le pire moment pour mettre en tension deux institutions déjà dans des situations compliquées. »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 247 - décembre 2025