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Managers en burn-out

Enquête sur un phénomène inquiétant

20/04/2023 -  Ils seraient de plus en plus nombreux à craquer. Coincés dans la difficile conciliation d’un fort engagement professionnel et d’un quotidien jugé intenable, des directeurs et cadres du secteur sombrent dans la mécanique du burn-out. Un phénomène qui interroge leur isolement. Quelles solutions pour rompre cet engrenage dangereux ? Notre enquête et les témoignages de managers qui racontent leur descente jusqu’au point de rupture et leur travail pour se reconstruire.

SOMMAIRE DU DOSSIER :

  • Managers en détresse
  • « Le Covid a commencé à me faire glisser »
  • « Un profil à risque : les bons élèves »
  • « J’étais dans le déni »
  • « Seul un robot aurait fait mieux ! »
  • « Savoir dire non ! »
  • « Ne pas rester seul(e) »
  • « Le travail doit être à sa juste place »

Managers en burn-out
« Ne pas rester seul(e) »

20/04/2023

Fatigue, sentiment de découragement... Sans arriver au burn-out, Camille (prénom d'emprunt), encadrante dans un service d'aide et d'accompagnement à domicile (Saad) depuis dix-huit ans, regrette que son poste impacte sa santé. Elle livre ses conseils pour tenir.

« Les directeurs sont constamment sous pression, à tenter d'assurer la gestion quotidienne, tout en devant gérer continuellement des urgences pour garantir au mieux la continuité d'activité. Mais face à un phénomène qui ne s'estompe pas, qui perdure voire qui s'accentue au niveau des difficultés de recrutement, le bout du tunnel est difficile à apercevoir. Le sens du travail bien fait, d'assurer un service de qualité, semble se perdre de plus en plus. De surcroît, les faibles réponses des autorités de tarification sont loin d'être à la hauteur, tandis que les injonctions se multiplient.

"Anticiper au maximum"

Fatigue, découragement... Sans arriver au burn-out, mon poste impacte ma santé. Un sentiment de ne pas faire correctement mon travail, de ne pas rendre un service de qualité aux bénéficiaires mais aussi de ne pas parvenir à bien préserver mes équipes. De l'autre côté, je dois répondre plus fréquemment à des demandes du conseil départemental avec des enquêtes en tout genre qui se multiplient et parfois se chevauchent, alors que ce dernier ne répond pas à nos demandes d'écoute pour travailler en partenariat. Et face à des problématiques qui sont sans fin, difficile de ne pas se sentir découragé.

Pour me préserver, mais aussi les équipes et les bénéficiaires, j'essaie d'anticiper au maximum (c'est mon leitmotiv) : plannings-types créés avec une activité plus que contrainte, anticipation de prolongations des arrêts des salariés, gestion au cordeau des admissions... Je multiplie les canaux de communication : réseaux sociaux, journaux locaux, et m'implique plus auprès des lycées et centres de formation pour tenter d'attirer des candidats, des jeunes. J'essaye de rester vigilante sur l'optimisation des déplacements des auxiliaires de vie et d'être au maximum à leur écoute. Enfin, je viens, sur certaines périodes, au bureau avant mes horaires, et repars un peu après, pour avoir des plages de travail tranquilles pour avancer.

"Je travaille à côté"

Mais comme j'ignore jusqu'où je vais pouvoir tenir, je travaille à côté comme référente pédagogique pour un centre de formation. Cela a plusieurs avantages : partager mon expérience avec les apprenants, rester au contact de leur réalité, mener une seconde activité qui me plaît, augmenter mon réseau professionnel. Paradoxalement, ce surcroît de travail me fait du bien, m'oblige à penser à autre chose qu'à mon activité quotidienne. Aussi, afin de souffler, il m'est important de faire une activité de plein air : marcher tous les soirs, dans un cadre calme. Ne pas rester seul(e), parler à des collègues, son conjoint, sa famille est essentiel. Aussi, il faut déconnecter lorsque l'on n'est pas au travail et profiter lors des congés.

Je souhaite que les pouvoirs publics prennent en considération l'ampleur de l'engagement des travailleurs sociaux, qu'ils changent d'angle de vue sur le secteur. Non, les établissements et services ne sont pas que des quémandeurs d'argent, ni de piètres gestionnaires. Oui, le travail social est utile. Et les travailleurs sociaux ne sont pas des bénévoles : ils ne peuvent accepter de travailler avec de bas salaires sous prétexte que ce secteur est humainement enrichissant. »

Propos recueillis par Laura Taillandier






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