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13e Trophée - Mention Promotion de la citoyenneté
Des missions de bénévolat pour s’insérer

04/07/2018

Seine-et-Marne. Expérimenté depuis deux ans, le dispositif Si T BénéVole propose chaque mois à des adultes handicapés des missions de volontariat dans différentes associations du territoire. Une façon de répondre à leur besoin de reconnaissance, d’utilité sociale et d’ouverture sur le monde.

Ils sont quinze bénévoles réunis ce jour-là devant le refuge de Nargis, à la limite du Loiret et de la Seine-et-Marne. Parmi eux, Christophe Franconnet, Cyril Borne ou encore Isabelle Reinalter sont des usagers du foyer de vie de Bougligny, des services d'accompagnement médico-sociaux pour adultes handicapés (Samsah) de Nemours et de Varennes-sur-Seine, et des adhérents des groupes d’entraide mutuelle (GEM) de Fontainebleau et de Varennes. Ils sont là pour promener les chiens accueillis par le refuge pendant quelques heures, sous l’œil attentif de leurs éducateurs. Tous font partie du dispositif Si T BénéVole lancé il y a deux ans par des professionnels de la Fondation des amis de l’atelier.

Un souhait des usagers

« Ce projet a été initié dans le cadre d’une délégation de la fondation chargée de réfléchir à l’inclusion sociale des personnes accompagnées, raconte Christine Gauthier, directrice de plusieurs structures et pilote de la délégation. Nous avions alors interrogé un panel d'entre elles sur leur perception de la citoyenneté. Il en est ressorti un fort besoin d’utilité sociale. Ce que sont venus confirmer les questionnaires de satisfaction diffusés lors des évaluations internes des structures. Les résidents souhaitaient participer à des activités sociales à l’extérieur de l’établissement. »

Un groupe de travail a donc été constitué pour réfléchir à un moyen de répondre à ce besoin des usagers. L’idée du bénévolat s’est imposée rapidement. « Cela collait bien à la fois à leur volonté d’être utile à la société et leur envie d’ouverture sur l’extérieur », explique Frédérique Lepage, animatrice du GEM de Varennes et coordinatrice du dispositif. Les résidents, de nouveau interrogés, ainsi que les professionnels des établissements ont approuvé le principe. Et Si T Bénévole a démarré début 2016. « Ce nom a été choisi car il évoquait les trois aspects clés de la démarche : la notion d’intégration dans la cité, l’action de bénévolat et la prise d’autonomie par l’envol des personnes », détaille Christine Gauthier.

Pour encadrer juridiquement le dispositif, et lui donner une base solide, le groupe de travail a fait appel à France Bénévolat. « Nous avions beaucoup de questions pratiques, notamment en termes de responsabilité, observe Cyrielle Poulleau, conseillère en économie sociale et familiale (CESF) au Samsah de Varennes, en partie détachée sur le projet. France Bénévolat nous a expliqué ce qu’il fallait mettre en place pour bien l'organiser. Ainsi ils nous ont donné des indications pour la rédaction de la charte et du règlement, et nous ont aidé à établir des conventions de partenariat, à signer avec les bénévoles d’une part et les partenaires d’autre part. »

Des appréhensions désamorçées

Des partenaires, véritables pivots du dispositif, à trouver et fidéliser. Frédérique Lepage s’est déplacée dans chaque commune du territoire pour rencontrer des associations culturelles, sportives et caritatives, et chercher des pilotes, par exemple au sein des centres communaux d'action sociale (CCAS) ou des mairies, pour l’aider à faire connaître Si T BénéVole et l’avertir des événements à venir sur le territoire. Un réseau qui a pris forme petit à petit, le bouche-à-oreille faisant le reste. Dès le mois d’octobre 2016, plusieurs missions ont été proposées aux résidents : accueil et surveillance des œuvres au château-musée de Nemours, collecte alimentaire pour le Secours populaire, aide à la propreté des lieux sur le festival Django Reinhardt, au jalonnage des parcours de courses pour les différentes foulées du territoire… « Le projet a bien été diffusé ensuite, car tous les partenaires ont été très satisfaits du travail effectué par les bénévoles », souligne Cyrielle Poulleau.

Quant aux légères appréhensions des associations à faire appel à des bénévoles handicapés, les deux animatrices du dispositif les désamorcent vite. « Ce qui est important c’est de bien leur expliquer qui sont les résidents, quelles sont leurs difficultés, ce qu’ils peuvent faire ou non, en précisant que les personnes handicapées les moins autonomes seront toujours accompagnées par leurs éducateurs », relève Frédérique Lepage.

Du côté des établissements, des pilotes ont été désignés pour présenter le dispositif et relayer les informations communiquées par les deux animatrices. Des fiches décrivant les missions sont exposées dans chaque structure puis détaillées lors de réunions. « Nous avons un temps de parole avec les résidents tous les jeudis, au cours duquel nous expliquons les missions à venir de la façon la plus neutre possible afin que ce soit bien eux qui fassent le choix de s’y inscrire ou non », précise Johana Lechauguette, monitrice éducatrice au foyer de Bougliny. Le dispositif repose en effet sur le principe du volontariat : les bénévoles choisissent leurs missions comme le temps qu’ils y passent.

Un levier vers l'insertion professionnelle

Au fil des mois, les partenaires se sont multipliés, comme les missions, et de plus en plus d’usagers se sont joints au dispositif. « Tous les retours que nous avons eus sont très positifs, aussi bien du côté des partenaires que de celui des bénévoles », se réjouit Cyrielle Poulleau. « Ces derniers nous disent souvent qu’ils sont contents de se sentir enfin comme tout le monde, de ne plus être perçus comme malades ou handicapés, remarque Frédérique Lepage. Ils sont par ailleurs ravis de sortir de leur établissement et de rencontrer du monde. » Christopher Villois, du foyer d'accueil médicalisé (FAM) de Villemer, confirme. Il en est à sa quatrième mission bénévole et ne compte pas s’arrêter là. « J’adore ça ! s’exclame-t-il. Ça me plaît d’aider les gens et de partager des moments avec d’autres bénévoles. Les missions me changent de mon quotidien. » Cyril Borne, résident au Samsah de Varennes, voit dans ces sorties une façon aussi de tester sa fatigue physique :  « J’aimerais beaucoup retravailler et ces différentes activités me permettent d’évaluer mes capacités ». Le projet ambitionne en effet de servir de levier à l’insertion professionnelle et de favoriser les passerelles avec le monde du travail. Pour le moment, ceux qui le souhaitent peuvent se voir remettre un Passeport bénévole. Répertoriant leurs actions et listant leurs compétences, il est reconnu au titre de la validation des acquis de l’expérience (VAE).

Des usagers plus autonomes

Expérimenté depuis deux ans avec huit structures [1], Si T BénéVole entre aujourd’hui en phase d’évaluation en vue de sa généralisation à l’ensemble des établissements et services de la Fondation des amis de l’atelier. Mais les résultats sont déjà là. « Nous ne soupçonnions pas que le dispositif allait si bien fonctionner, constate Christine Gauthier. Il œuvre véritablement en faveur d’une déstigmatisation du handicap et favorise l’autonomie des usagers. Ce qui nous manque désormais pour évoluer c’est une enveloppe budgétaire spécifique afin de financer un temps plein consacré au projet. »

[1] Foyer de vie de Bougliny, FAM de Villemer, MAS de Nemours, SAVS/Samsah de Nemours, Samsah de Varennes-sur-Seine, Résidence accueil de Fontainebleau, GEM de Varennes-sur-Seine et de Fontainebleau.

Lola Vincent. Photos : Baptiste Lignel

« Il y a eu immédiatement une relation de confiance »

Francis de Barbeyrac, président de l’association La Foulée impériale de Fontainebleau

« Lorsque Frédérique Lepage m’a contacté l’année dernière pour me parler de Si T BénéVole, j’ai tout de suite trouvé la démarche intéressante. J’ai donc accepté la proposition d’intégrer 27 bénévoles à mon équipe chargée d’encadrer la Foulée de Fontainebleau. Leur présence a pu surprendre un peu au début, car ce n’est pas un public auquel on est habitué. Mais tout s’est extrêmement bien passé. Ils ont aidé au jalonnement du parcours avec beaucoup de sérieux et beaucoup de cœur. J’étais agréablement surpris et heureux de les voir s’impliquer autant. Leur mission était par ailleurs facilitée par l’organisation interne du dispositif puisque les personnes les moins autonomes étaient encadrées par leurs éducateurs et les autres pouvaient sans problème assurer seuls un poste en respectant leur fiche de consigne. Il y a eu un échange de confiance immédiat. La notion d’intégration sociale est un principe très important à mes yeux. Mon équipe de bénévoles sera d’ailleurs renforcée cette année par des réfugiés. »

En chiffres

  • 8 établissements de la fondation participants
  • 131 missions ont été réalisées depuis octobre 2016, 29 partenariats conclus et 85 bénévoles recrutés.
  • Groupe de pilotage : 1 directrice, 1 animatrice coordinatrice, 1 CESF, 6 pilotes d’établissements, 3 pilotes partenaires (villes de Fontainebleau, Nemours et Varennes-sur-Seine).
  • Pour fonctionner, le dispositif dispose de 0,50 % équivalent temps plein (ETP) de l’animatrice coordinatrice du GEM de Varennes-sur-Seine, 0,20 % ETP de la CESF du Samsah de Varennes et de l’aide de 3 adhérents du GEM.
  • Au lancement du dispositif, aide de 15 000 euros de la Fondation de France.

Publié dans le magazine Direction[s] N° 166 - juillet 2018

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