Gilles Desrumaux, délégué général de l’Unafo © Ljubisa Danilovic pour l'Unafo
La France prendra sa part. C'était le message de François Hollande le 7 septembre dernier : 24 000 réfugiés supplémentaires seront accueillis dans les deux prochaines années, selon le mécanisme de répartition voulu par la Commission européenne. Dans la foulée de l’annonce présidentielle, le 12 septembre, Beauvau mobilisait les maires pour un exercice de pédagogie. Avec une incitation à la clé : 1000 euros attribués aux communes par place d’hébergement créée. Quatre jours plus tard, le Premier ministre informait les députés du déblocage de crédits supplémentaires pour l’accueil des réfugiés (279 millions d'euros d'ici à fin 2016). « Sur cette enveloppe, 85 millions seront réservés au premier accueil et à l’hébergement, précise Gilles Desrumaux, délégué général de l’union professionnelle Unafo. Cela doit en particulier permettre de créer 5000 places en centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada), en plus de celles déjà prévues avant l’an prochain. » En outre, le gouvernement mobilisera 334 millions d’euros d’ici à fin 2017, soit un montant global porté à plus de 600 millions d'euros. À la hauteur de l’enjeu ? « Jusqu’ici, les annonces, comme le plan "Migrants" de juin [1], n’étaient que des mesures de rattrapage, juge Jean-François Ploquin, directeur général de Forum réfugiés-Cosi. Les efforts consentis en septembre vont dans le bon sens. Mais il faut rapidement renforcer les dispositifs. »
Budget sous-évalué
« Cependant, il y a un risque de mise en concurrence des publics, à la fois entre les nouveaux arrivants et les migrants déjà présents sur le sol, et avec le reste des personnes sans logement », pointe le délégué de l’Unafo. Pour y parer, le gouvernement va débloquer 250 millions d’euros pour l’hébergement d’urgence et la veille sociale dans les douze prochains mois, dont 130 millions dès octobre. « Il s’agit davantage d’une opération de rattrapage budgétaire pour 2015 que d’un financement de nouvelles capacités, soulève Florent Gueguen, directeur général de la fédération des associations Fnars. Et pour 2016, ce sont 200 à 300 millions d’euros de plus qu’il faudrait affecter au BOP 177 [2]. » Des déclarations par conséquent insuffisantes pour faire face à la situation actuelle et à venir… « C’est le résultat de l’insincérité budgétaire récurrente des pouvoirs publics, puisque d’année en année les crédits d’hébergement sont programmés bien en deçà des besoins», argue Gilles Desrumaux.
[1] Lire Direction[s] n° 134, p. 12
[2] Budget opérationnel de programme « Prévention de l’exclusion et insertion des personnes vulnérables »
Justine Canonne
Publié dans le magazine Direction[s] N° 135 - octobre 2015