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Emploi dans la Bass
Nouvelle photographie, nouveaux enjeux

06/03/2013

Effectifs, mutations à l’œuvre, disparités territoriales… L’Observatoire et l’OPCA Unifaf de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass) livrent les résultats de l’enquête Emploi 2012. Des données capitales pour les employeurs afin d’adapter leurs stratégies.

« C’est le moment de lecture de notre activité et de notre périmètre », estime Jean-Pierre Delfino, directeur général d’Unifaf. Cinq ans après la première du genre, l’organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) Unifaf et l’Observatoire de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass) publient leur enquête emploi 2012 [1], basée sur les retours de 14 000 établissements. Un outil d’aide à la décision précieux pour le secteur, véritable révélateur de tendances en matière d’emploi et de formation. L’enjeu ? Évaluer le chemin parcouru, prendre acte des évolutions et dégager des stratégies pour l’avenir.

Des sièges sociaux plus puissants

Les prévisions de croissance escomptées en 2007 se sont en grande partie confirmées : avec quelque 700 720 salariés, la branche tient la dragée haute à celles de l’hôtellerie-restauration ou de l’automobile. En outre, elle affiche sa bonne santé : + 25 % de nouveaux salariés, dus essentiellement à la vitalité du médico-social, et notamment du monde du handicap qui concentre deux emplois sur cinq. De bons résultats quelque peu ternis par le ralentissement de l’ensemble de l’économie, qui n’épargne pas le secteur. « Nous étions jusque là dans une phase de développement important de l'activité, analyse, à son tour, le président d’Unifaf, Jean-Baptiste Plarier (négociateur pour la CFE-CGC). Une reconfiguration progressive s'est engagée sur la période 2007-2012 et en 2011, nous enregistrons une stabilisation des effectifs. » Et pour cause. Le champ joue désormais clairement la carte de la concentration : 17 % des plus grosses associations ont absorbé ces dernières années un ou plusieurs établissements. Croissante, la tendance se lit sur les organigrammes. Le pourcentage de cadres, qui reste stable (14%), cache pourtant une réelle mutation à l’œuvre. L’encadrement, plus féminin  (+ 10 points), fait la part belle aux effectifs des sièges qui ont vu leur nombre exploser (+ 147 % pour les cadres fonctionnels et + 75 % pour les directeurs généraux et leurs adjoints), au détriment des directions d’établissements. Quel type et quel volume de gestionnaires pour demain ? Quelles seront les conséquences sur les missions des cadres intermédiaires ?… « Jusque là, les cadres intermédiaires assumaient des missions et des fonctions diverses, analyse Florence Leduc, vice-présidente de l’Observatoire et directrice de la formation et de la vie associative à la fédération d'employeurs Fehap. S’ouvre aujourd’hui un chantier sur la définition de l’emploi et des compétences, à travers la construction de référentiels pour ce corps de cadres, à la fois porteurs du projet associatif et garants de la réalité du bon "prendre soin". »

Le soin, nouveaux métiers en tension

Les inquiétudes relatives aux difficultés de recrutement de certains personnels qualifiés se sont en partie apaisées. Seules 30 % des structures témoignent encore de réels obstacles (–8 points en cinq ans), même si les disparités territoriales demeurent, en particulier pour le champ personnes âgées. Une résorption des tensions, notamment sur la filière éducative, due en grande partie aux efforts de qualification déployés, rappelle Jean-Baptiste Plarier. « Nous avons développé une palette de réponses et accru notre réactivité pour déserrer cet étau. L'OPCA a consacré près d'un euro sur deux aux formations diplômantes sous toutes ses formes (validation des acquis par l'expérience – VAE –, formations partielles et complètes…). Un cinquième des fonds est réservé au financement des contrats d'apprentissage (800 à 1000 apprentis par an). Avec 26 millions d'euros, nous avons pu financer 2 100 contrats de professionnalisation. » Résultats ? Une qualification accrue des équipes, entre autres dans les rangs des personnels de niveau V et infra (aides médico-psychologiques – AMP –, surveillants de nuit…), divisant ainsi par deux les besoins et entraînant une baisse du nombre de « faisant fonction » dans les établissements, assure-t-on du côté de l’Observatoire.

Le front des besoins s’est donc déplacé. Les professionnels paramédicaux et du soin (kinésithérapeutes, orthophonistes, infirmiers…) font désormais figure de perles rares [2]. « C’est un réel enjeu pour les employeurs, notamment dans le champ du handicap, où les besoins en matière d’accompagnement des publics vieillissants sont croissants, confirme Céline Poulet, directrice générale adjointe de la Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées et fragiles (Fegapei). Nous devons réinterroger la place croissante de ces professionnels dans les équipes. » Démographie médicale préoccupante, manque d’attractivité de la branche, disparités territoriales… Le sujet devrait être demain au centre des débats avec les conseils régionaux, aux manettes des schémas locaux de formations sanitaires et sociales.

Des effectifs vieillissants et exposés aux risques

Autre défi émergent : celui du vieillissement des personnels en fonction. L’examen de la pyramide des âges de la Bass, préoccupée hier par le seul papy-boom annoncé, a quelque peu déplacé les préoccupations : un salarié sur deux a aujourd’hui plus de 45 ans. Le chiffre inquiète les fédérations. « La gestion de la seconde partie de carrière de salariés, comme les éducateurs spécialisés ou les AMP, est une difficulté, analyse encore Céline Poulet. La question de l’aménagement des temps de travail devra par exemple être au cœur des réflexions futures, pour parvenir à maintenir un accompagnement de qualité. » Avec 55 000 accidents du travail (ou de trajet) et des taux de licenciement pour inaptitude en augmentation, les enjeux d’usure professionnelle et de risques psychosociaux sont évidents. C’est tout donc le chantier des parcours de carrière à laquelle la branche devra s’atteler. « Des choses sont à imaginer pour aboutir à des niveaux de pénibilité compatibles avec l’avancée en âge, en particulier en matière de transmission d’expériences via la fonction tutorale par exemple », estime Florence Leduc.

Au-delà de ces tendances nationales, aux territoires maintenant de se saisir des futures données déclinées pour aller au devant de leurs partenaires locaux et porter haut la voix du secteur. « Ces chiffres objectivent les forces et les faiblesses de nos territoires, confirme Nicole Curely, chargée de mission à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) d'Aquitaine. En 2008, elles nous ont permis de construire, avec l’OPCA et le conseil régional, les axes d’un accord-cadre triennal : démarches de gestion prévisionnelle des emplois et compétences [GPEC], actions de professionnalisation pour les salariés non qualifiés des établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes [Ehpad]… » Des stratégies locales sur mesure, examinées à la loupe à l’heure du déploiement des emplois d’avenir. Un terrain sur lequel la branche est attendue [3].

[1] À télécharger sur le site d’Unifaf : www.unifaf.fr

[2] Lire dans ce numéro p. 12

[3] Analysé dans « Les associations face à la conjoncture et… aux emplois d’avenir », enquête du réseau Recherches et solidarités, janvier 2013 et « Étude des besoins en main-d’œuvre dans le secteur de l’économie sociale et solidaire », synthèse des travaux du Crédoc, janvier 2013.

Gladys Lepasteur

Repères

  • 700 720 salariés, employant 20 450 établissements, soit 7 968 employeurs : telle est la nouvelle carte d’identité de la Bass.
  • 87 % des contrats sont des CDI. Les temps partiels reculent : 23 %, contre 26 % en 2007.
  • 18 % des effectifs en CDI ont plus de 55 ans (14 % en 2007).

Publié dans le magazine Direction[s] N° 106 - avril 2013

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