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11e Trophée Directions
Un vivier d’employés motivés et qualifiés

30/03/2016

Allier. Porté par un groupement d’employeurs, le dispositif Gecac Tremplin propose un pool de salariés remplaçants aux structures médico-sociales du bassin montluçonnais. Des professionnels qui intègrent en parallèle un parcours de formation diplômant leur offrant des débouchés vers des emplois pérennes.

Le Gecac Tremplin, ou l’histoire d’un mariage réussi entre efficacité économique et performance sociale. En 2006, déjà fort d’une décennie d’expérience en externalisation de la comptabilité et de la paie pour des établissements médico-sociaux, le Groupement d’employeurs de comités des associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) et de centres médico-sociaux (Gecac) lance un nouveau dispositif, baptisé Tremplin. Objectif de cette organisation située près de Montluçon, dans l’Allier ? La création d’un pôle de salariés remplaçants pouvant intervenir à tout moment dans les établissements voisins.

Un démarrage en douceur

Quelle différence avec une société d’intérim classique, à laquelle pourrait avoir recours une structure en besoin de personnel temporaire ? À ces remplaçants, le Gecac Tremplin offre la possibilité de suivre un parcours de formation pour acquérir un diplôme d’État dans le secteur. « Dans l’intérim, il n’y a pas de suivi, pas de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), pas de projet de formation et un turn-over important : nous sommes à l’opposé de cette démarche, clame Abdou Diallo, directeur général du Gecac. La nôtre consiste en un projet à la fois économique et social, dans un bassin géographique où le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale. »

Si l’initiative fête ses dix années d’existence en 2016, l’idée a germé chez Abdou Diallo dès 1996, alors que cet ancien contrôleur de gestion entreprend un mémoire portant sur l’externalisation des services des structures médico-sociales. Aujourd’hui, le Gecac Tremplin met à disposition près d’une centaine de salariés auprès d’une dizaine d'établissements et services, toutes situées à une trentaine de kilomètres alentours : instituts médico-éducatifs (IME), foyers d’accueil médicalisé (FAM), maisons d’accueil spécialisées (MAS)… Des partenariats qui se sont construits patiemment. « Au départ, le projet a été créé pour que toutes les associations gestionnaires du territoire y participent, raconte Abdou Diallo. Si elles étaient convaincues sur le principe, il y avait cependant des doutes sur la faisabilité. Et peut-être aussi une peur de perdre un peu de leurs prérogatives. » Le projet débute donc d’abord avec l’Association pour adultes et jeunes handicapés de l'Allier (Apajh 03), bientôt rejointe par d’autres, tandis que les financeurs ont été rapidement convaincus (lire l’encadré).

Une démarche d’insertion professionnelle

Jeunes en recherche d’emploi suivis par la mission locale, personnes en reconversion orientées par Pôle Emploi, professionnels de l’accompagnement à domicile souhaitant travailler en établissement... Les publics qui se tournent vers le Gecac Tremplin présentent des profils variés. Elles sont reçues en entretien de recrutement par Laetitia Saint-Pierre, cheffe de service, et ses deux coordinatrices. « Ce premier échange nous permet d’évaluer le candidat sur sa motivation, sa capacité à travailler en équipe, sa disponibilité, l’expérience éventuelle dans le secteur, précise-t-elle. Nous l’informons aussi de notre démarche globale de formation. »

Si l’entretien est concluant, l’équipe  du groupement se met rapidement en quête d’une structure qui pourra accueillir la personne, toujours demandeur d'emploi, pendant une à deux semaines afin de la mettre en situation de travail. « Cette phase importante lui permet de tester son projet professionnel, son souhait de travailler auprès de personnes handicapées », relève Laetitia Saint-Pierre. À la fin, un bilan est réalisé avec le Gecac Tremplin et un responsable de l'établissement d’accueil. Puis le nouveau salarié, recruté en contrat aidé par le Gecac, est orienté vers des remplacements, en attendant le départ en formation, qui intervient entre quatre mois et un an plus tard. Avantage ? Le groupement assure une rémunération mensuelle correspondant au minimum à 130 heures de travail, quel que soit le volume de remplacements réalisé dans le mois. Un lissage des revenus qui garantit aux personnes une certaine stabilité financière. En outre, elles disposent d’un contrat à temps plein dès l’entrée en formation.

Une organisation rodée

Parmi les cursus dispensés, via l’Institut national de formation et d'application (Infa) et les groupements d'établissements publics locaux d'enseignement (Greta) ? Aide médico-psychologique (AMP), éducateur spécialisé, moniteur éducateur… Des formations en alternance qui intègrent les remplacements assurés par les personnels. « Le calendrier des sessions est adapté afin que ces salariés ne soient pas en formation pendant les plages de congés habituelles des titulaires, en période estivale ou durant les vacances scolaires, indiquent Sonia Brasset et Véronique Theurier, les deux coordinatrices du Gecac Tremplin, chargées de la gestion des plannings. Un jonglage permanent entre l’organisation propre à chaque structure, les remplacements déjà prévus et ceux de dernière minute. « Chaque mois, les établissements nous livrent leurs besoins prévisionnels pour le mois suivant, au vu des congés déjà programmés, explique Sonia Brasset. Puis vient la partie imprévisible : les absences pour événement familial, les arrêts maladie… Pour ces urgences, nous disposons d’un téléphone de permanence grâce auquel les directeurs et chefs de service peuvent nous joindre afin que nous mobilisions du personnel. »

« Les salariés en formation sont prioritaires pour être positionnés sur les remplacements, afin de valider leur cursus, complète Véronique Theurier. Au cours de celui-ci, nous nous efforçons de les stabiliser sur une structure. Ce qui est plus aisé à la fois pour les résidents et les équipes permanentes. » Les professionnels titulaires des établissements n’hésitent d’ailleurs pas à se porter tuteurs de ces remplaçants en formation. Un système qui permet de limiter le risque de décrochage pour ces derniers.

Le parcours de formation doit s’achever en juin prochain pour Holy Sene et Michael Dureau. « Concilier les cours, les remplacements et une vie familiale exige une certaine organisation », soulève la première, ancienne basketteuse professionnelle qui prépare le diplôme d’AMP. « Le rythme est intense et impose certaines exigences, notamment d'être disponible pour des remplacements en urgence », abonde Michael Dureau, ancien responsable d’usine qui vise le diplôme de moniteur éducateur.

Durant leur formation, les salariés sont suivis par les encadrantes du groupement via des points téléphoniques réguliers. « L’une de nos missions est de les aider à faire face à leurs contraintes personnelles, explique Véronique Theurier. Il faut un véritable engagement de leur part. Ce qui implique par exemple d’avoir un mode de garde pour ceux qui sont parents. »

Un confort pour les structures

Du côté des établissements et services, les avantages sont multiples. Ce dont témoigne Annie Busancic-Mercier, directrice du FAM Les Sources vives, à Nades : « La réactivité du Gecac nous confère une réelle tranquillité en tant que gestionnaires. Nous réglons le travail effectué par les remplaçants sur la base d’un tarif horaire fixe facturé par le groupement. Ses prestations ne nous coûtent pas plus cher que si nous recrutions en direct. »

« Auparavant nous gérions les remplacements nous-mêmes. Or, la multiplicité de contrats à durée déterminée engendrait un risque juridique et ne permettait pas toujours d’avoir du personnel très impliqué, soulève de son côté Catherine Charobert, directrice de la plateforme de services médico-sociaux La Courte Échelle, à Lavault-Sainte-Anne. En donnant la possibilité aux remplaçants de pérenniser leur carrière, le Gecac Tremplin nous offre par là-même un vivier d’employés intéressants. »

Dominique Bayelle, directrice de la MAS Pierre-Launay, à Prémilhat, ne s’y est pas trompée. Sur les 120 salariés que compte son établissement, une quarantaine viennent du Gecac Tremplin. « Nous avons instauré une priorité d’embauche pour les remplaçants qui ont achevé leur formation. Si bien qu’aujourd’hui je ne fais plus de recrutement externe, explique la directrice. Ces salariés ont de précieux atouts, puisqu’ils connaissent les lieux, les équipes et les usagers. Avec les départs en retraite à venir, la relève est plus facilement assurée. »

Diplômée de l’une des premières promotions du Gecac Tremplin, Claire Robin est en poste à la MAS depuis 2008 : « C’est un choix que j’ai mûrement réfléchi, je voulais devenir AMP, le Gecac m’a rapidement proposé une formation mais je voulais prendre le temps de tester mon projet sur le terrain, j’ai donc intégré une autre session quelques mois plus tard. »

« Une personne recrutée chez nous qui va jusqu'au diplôme s’engage dans un parcours d’une durée moyenne de trois ans, résume Abdou Diallo. Ce type de projet implique une coopération étroite de tous les acteurs, il ne peut fonctionner que si tout le monde joue le jeu, nous, les salariés et les établissements. »

 

Aude Mallaury. Photos : Thomas Gogny

« Un partenaire précurseur dans la coopération sur son territoire »

Patrick Delmas, secrétaire général d’Unifaf Auvergne

« L'organisme paritaire collecteur agréé Unifaf d'Auvergne est impliqué dans le financement du projet du Gecac Tremplin depuis ses origines en 2006. Les parcours de formation dispensés dans ce cadre profitent tant aux salariés qu’au tissu associatif local : une double orientation de soutien à l’emploi et d’appui à la transformation des structures dans laquelle nous nous retrouvons. Pour accompagner la démarche, nous mobilisons les fonds mutualisés liés à la professionnalisation ainsi que des cofinancements, notamment avec le conseil régional. Nous avons également un rôle de conseil dans la stratégie de formation du groupement. Ce partenaire, précurseur dans le développement des coopérations médico-sociales dans le bassin de Montluçon, bénéficie aujourd’hui d’un rayonnement positif sur son territoire. »

 

En chiffres

  • Équipe : 1 cheffe de service, 2 coordinatrices, 1 conseillère en insertion professionnelle
    300 professionnels entrés en formation depuis 2006
    121 ont obtenu le diplôme d’État d’AMP entre 2007 et 2015
    19 AMP, 10 moniteurs éducateurs, 7 assistantes de vie aux familles en cours de formation
  • Budget estimé : 1,8 million d’euros pour l’activité Gecac Tremplin

 

Contact 

 04 70 03 62 50

http://gecac.fr/gecac-tremplin

Publié dans le magazine Direction[s] N° 141 - avril 2016

Images

Le Gecac Tremplin. © Thomas Gogny

Le Gecac Tremplin. © Thomas Gogny

Le Gecac Tremplin. © Thomas Gogny






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