C’est le chiffre de la discorde. La campagne budgétaire dans le champ de l’autonomie prévoit une mise en réserve prudentielle de 241 millions d’euros en 2025, soit 100 millions d’euros de plus qu’en 2024 [1]. « Elle acte un choix politique clair : celui de continuer à ponctionner un secteur déjà en grande difficulté pour compenser les dépenses d’autres champs de l’assurance maladie », dénoncent vingt-six organisations associatives. « Alors que le Gouvernement affiche la volonté d’aider les structures en danger, il reprend d’'un côté ce qu’il donne de l’autre, s’insurge Marie Aboussa, directrice du pôle Offre sociale et médico-sociale de l’organisation patronale Nexem. Cela fait plusieurs années que cela dure et sans aucune rétrocession, contrairement à d’autres secteurs. Nos marges de manœuvre sont juste amputées. »
Urgence aussi dans le handicap
Le ministère des Solidarités concède un « contexte budgétaire compliqué » mais défend un taux d’actualisation des dotations de 0,93 % dans le champ du handicap et de 1,74 % dans le grand âge. Parmi les mesures mises en avant ? La compensation à hauteur de 212 millions d’euros de la hausse des cotisations retraite (CNRACL) des employeurs publics et la ventilation de 250 millions d’euros du fonds d’urgence aux Ehpad dans le rouge. Sont aussi prévus la création de 15 000 nouvelles solutions dans le handicap, le financement de 6 500 équivalents temps plein et l’expérimentation de la fusion des sections tarifaires dans les Ehpad et le développement de l’offre (places de services de soins infirmiers à domicile, centres de ressources territoriaux ...).
« Le secteur du handicap se retrouve lui aussi dans une situation d’urgence liée au Ségur et à l’inflation. Le ministère promeut la transformation de l’offre, mais les 50 000 solutions ne peuvent en être l’alpha et l’oméga, pointe Marie Aboussa. Qu’est-il prévu pour aider les gestionnaires à appréhender la transformation écologique ? Quelles marges de manœuvre salariales face au déficit d’attractivité des métiers ? »Et de glisser : « Face à des sujets aussi ambitieux, les 241 millions d’euros seraient plus que bienvenus. »
[1] L’instruction était attendue pour la fin mai
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 242 - juin 2025