
« Je fais le lien entre les familles, les établissements et les équipes pédagogiques », note Mariama Zakari.
Ni éducateurs ni assistants sociaux, ni profs ni grands frères. Ou un peu tout à la fois. Les médiateurs sociaux en milieu scolaire se trouvent à la frontière de plusieurs métiers. Déployés aux abords et à l’intérieur des établissements, ils poursuivent une mission de prévention et de pacification des conflits. « Mon rôle principal est de faciliter le dialogue entre les élèves, mais aussi de faire du lien entre les familles, les établissements scolaires et les équipes pédagogiques », relève Mariama Zakari, médiatrice scolaire auprès de deux collèges et une école primaire du quartier du Tonkin, à Villeurbanne (Rhône). Elle a été embauchée en septembre 2024 par l’Agence Lyon tranquillité médiation (ALTM), adhérente du réseau France Médiation qui coordonne 130 postes de médiateurs dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), dans le cadre d’un partenariat interministériel en place depuis 2012.
Désamorcer les conflits naissants
« Je partage mes journées entre les trois établissements : j’interviens pendant les récréations, la pause méridienne et les sorties de classe. Je suis identifiée, les élèves savent qu’ils peuvent venir me voir pour me faire part d’un problème », indique Mariama Zakari. À leur contact, elle tente d’instaurer « une culture de dialogue ». Sa seule présence permet la plupart du temps de désamorcer des conflits naissants ou des situations de harcèlement. « Et en cas de bagarre, je leur propose une médiation. S’ils sont d’accord, on fixe un rendez-vous pendant lequel je les aide à formuler leur ressenti afin qu’ils trouvent eux-mêmes une solution à leur dispute », détaille la professionnelle.
« Le choix de recruter des médiateurs scolaires a fait suite à des alertes du corps enseignant et des agents municipaux fin 2021 décrivant une dégradation du climat dans ce quartier », raconte Ludovic Dupouy, directeur adjoint Prévention médiation sécurité de la ville de Villeurbanne, qui cofinance ces postes. « On s’est mis en lien avec l’ALTM qui emploie en tant qu'opérateur et qui pouvait s’appuyer sur un dispositif existant – France Médiation – et une méthodologie qui avait fait ses preuves. Et de fait, depuis deux ans, les tensions sont vraiment redescendues. On constate même une diminution des dégradations sur le bâti », assure le responsable. Si les médiateurs sont employés et encadrés par des structures spécialisées en médiation sociale, ils sont placés sous l’autorité fonctionnelle des chefs d’établissement.
Un travail de proximité
À Nice, où l’association d’éducation populaire La Semeuse embauche des médiateurs scolaires depuis plus de dix ans, les actions des professionnels ne se limitent pas aux QPV. Les six équipes mobiles interviennent aux abords des vingt-neuf collèges de la ville. Les médiateurs sont aussi en lien avec les partenaires de leur quartier : centre social, centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie, éducateurs spécialisés, associations... « Depuis le départ, on a construit un dispositif mêlant médiation scolaire et prévention spécialisée. Si les médiateurs repèrent des jeunes en situation d’absentéisme ou de décrochage, ils peuvent le relayer auprès de l’éducateur qui mettra en place un accompagnement, explique Christophe Tassano, directeur de La Semeuse. Le travail de proximité repose sur une relation de confiance. Nos médiateurs ne sont pas des agents de sécurité, on insiste beaucoup là-dessus et les jeunes le savent. »
Nathan Bellaiche a commencé comme médiateur scolaire à La Semeuse il y a quatre ans, avant de passer chef d’équipe. Il confirme : « On fait un peu un travail de rue en gravitant autour des établissements. On est un visage familier et, même si on doit garder une certaine posture, on n’est jamais dans la répression. Ça change tout dans notre rapport aux adolescents. » Pour ces postes, l’association recrute des professionnels ayant le diplôme Médiateur social accès aux droits et services ou propose de les former en interne en vue du diplôme. « L’objectif est de leur permettre, s’ils le souhaitent, d’évoluer dans leur carrière pour devenir éducateurs, par exemple », indique le directeur.
Margot Hemmerich
Une diversité de formations ?
Les diplômes et formations varient selon les postes et les niveaux exigés. Le métier est accessible avec un diplôme de niveau CAP (Agent de prévention et de médiation, par exemple), de niveau bac (titre professionnel Médiateur social accès aux droits et services ; baccalauréat professionnel Services de proximité et vie locale) et jusqu’à bac +5 (Analyse et conception de l’intervention sociale ; Intervention et développement social ; Politiques urbaines…). France Médiation propose également le parcours certifiant « Réaliser des interventions en médiation sociale ».
Publié dans le magazine Direction[s] N° 241 - mai 2025