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Être acteur de sa vie avec le théâtre

04/06/2025

Avec des séances interactives et créatives, le dramathérapeute parvient à améliorer la santé et le bien-être des personnes. Une approche qui peut aider des publics variés à surmonter leurs difficultés.

« Je propose des improvisations pour actionner la mémoire du corps et des émotions », illustre Emanuela Barbone.

Au sein de l’art-thérapie, connaissez-vous la dramathérapie ? « C’est une discipline thérapeutique qui utilise intentionnellement les qualités transformatrices du drame et du théâtre, en intégrant des connaissances issues de la psychothérapie et d’autres sciences humaines », précise Barbara Lau, présidente de l’Association nationale de dramathérapie (AND). Individuelles ou collectives, les séances n’ont pas pour objectif d’apprendre à devenir acteur, mais à mieux se connaître, dans une perspective de soin.

Improvisation, masques, clowns, marionnettes, conte, écriture… À chaque public ses formats et ses modalités. « Pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, je ne fais pas apprendre de texte, mais je propose des improvisations sur un thème pour actionner la mémoire du corps et des émotions. En psychiatrie, je fais travailler les participants sur des scènes de leur quotidien ou des souvenirs. Par exemple : comment tenir une soirée sans boire d’alcool si l’on a des addictions », illustre Emanuela Barbone, dramathérapeute qui a travaillé dans différents types de structures sociales et médico-sociales.

Intégration dans l’équipe soignante

Sandrine Pitarque, dramathérapeute qui exerce notamment à l’hôpital de Ville-Évrard, à Saint-Denis, limite ses séances à six participants, avec l’accompagnement d’un ou deux professionnels de santé. « On commence par un temps d’échange puis d’échauffement avec des jeux pour relâcher les tensions, avant de faire des improvisations. On finit la séance par écrire ou dessiner pour faire redescendre l’énergie », décrit la professionnelle. Sa posture est celle d’une thérapeute, mais pas d’une psychologue : « Le processus créatif permet d’ouvrir vers une libération d’expression, sans nécessité de commenter ni danalyser. »

Le dramathérapeute prend le temps ensuite d’échanger avec l’équipe soignante sur ce qu’il s’est passé durant la séance. Ces liens sont importants. Emanuela Barbone participe ainsi aux réunions d’équipe : « Le dramathérapeute n’est pas un animateur, mais c’est important de l’intégrer dans l’équipe de soignants. Cela permet de fixer ensemble un cadre et des objectifs thérapeutiques : travailler autour des émotions, débloquer une situation, mettre du sens sur des automatismes… »

Confiance en soi et dans les autres

Les bienfaits de ces séances ? Ils sont multiples. « Sociabilisation, amélioration de l’estime de soi, reprise de confiance en soi mais aussi dans les autres, sentiment de redevenir acteur de sa vie… », liste Sandrine Pitarque. « L’Organisation mondiale de la santé reconnaît depuis 2023 que les activités artistiques peuvent compléter efficacement les traitements médicaux », rappelle Barbara Lau, qui œuvre également au niveau européen pour faire avancer la reconnaissance du métier. Une démarche nécessaire pour améliorer les conditions de travail et figurer dans les grilles de salaires.

Si aujourd’hui le secteur social et médico-social est de plus en plus demandeur, on recrute aussi des dramathérapeutes à l’hôpital et dans le champ de l’éducation. Ils travaillent souvent pour plusieurs structures en même temps et sont ainsi salariés à temps partiel ou autoentrepreneurs. Toutefois, « il faut encore convaincre du sérieux de notre métier », admet Sandrine Pitarque, co-responsable du master Création artistique spécialité dramathérapie à l’université Paris-Cité, créé en 2010. D’autres formations reconnues par la profession existent. Une liste peut se trouver sur le site internet de l’AND. Comment s’assurer du sérieux de la formation avant de recruter ? « Elle doit dépasser les sept cents heures, réparties sur au moins deux ans, avec des stages », préconise Barbara Lau. À la fois artiste et thérapeute, le métier ne s’apprend pas en quelques jours.

Delphine Dauvergne

Point de vue

Nabila Sidhoum, directrice de la Villa d’Épidaure, à Garches (92)

« Nous accueillons des personnes avec des troubles cognitifs, la maladie d’Alzheimer ou des pathologies neuro-évolutives. Nous avons à cœur de leur proposer, en complément du médical, une prise en charge non médicamenteuse, pour laquelle nous sollicitons depuis 2016 des dramathérapeutes. Chaque lundi, une séance de deux heures a lieu, avec un groupe d’une dizaine de personnes, dont la moitié sont des professionnels de l’établissement. La ritualisation et la répétition de petites scènes improvisées, dans un lieu dédié et fermé, permettent de faire travailler les mémoires émotionnelles des résidents et les stimulent sur le plan cognitif. Autres impacts constatés : une réduction de l’anxiété, une meilleure estime de soi et une facilitation du lien social. La troupe constituée s’est produite dans une quinzaine de représentations dans d’autres résidences ou théâtres. Un documentaire sorti en avril 2025, Les Esprits libres, raconte cette aventure. »

Publié dans le magazine Direction[s] N° 242 - juin 2025






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